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6 septembre 2011 2 06 /09 /septembre /2011 19:56

Elle: est mon dernier baiser

Tellement plein d'un corps un

Qu'il s'ignore


Elle: me renvoie aux jambes cassées

D'une chair qui de l'interne se déprend

Et m'envoie en Noël

Mais y trouve archive, échafaud, contrefort

 

 

Entre: le possible du couple

Tantôt deux, tantôt arbre, seule symphonie

Elle: du possible

 

arbrelyre.jpg


 


 

Cette femme, de chair,

privée de neige,

donc noire, muette,

le long de laquelle

se tiendront les livres à venir

 


Roger Giroux / Jean Daive

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

photo maxdru

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2 septembre 2011 5 02 /09 /septembre /2011 10:36

8 avril 2011 / 2 septembre 2011 

  S7004920.jpg

photo andapelekamartin

 

La danse frappe. Rhapsodie aux cheveu trop terne chez les petits, trop jeune chez les filles-enfants, mais rhapsodie. Des yeux parfois comme déjà ailleurs, comme toujours sur cette autre route. Chez les hommes. La femme, sans les couleurs, des corps déjà foncés, parfois, sans le rythme. Pleine lune. Un vieux dirige et résiste à la bande, juste en dehors du cercle, la mélopée y est beaucoup plus souple, et vraie, maintenant. A l'auberge de chat blanc – chat noir, maintenant se brisent les mains, sans casse. Mais revient déjà l'horreur calme de la perruque qui en impose sur la peau grise d'habitude de la vioque qui se refuse.


 

 

Amortisseurs d'humanité sont les mythologies et les  traditions, il nous a bien fallu penser la catastrophe, face à l'irréductible, la barbarie ou la mort, seul absolu, et seul éternel. Des transformations et point de métamorphose, l'impératif ne se métamorphose pas, nous seuls sommes néoténiques et sujets de nos hormones, point de métamorphose dans la pensée, et la littérature lève toutes les barricades. D'aucuns rescapés de l'enfance, et toujours existent; d'autres se battent de leurs souvenirs, qu'en faire dans l'impur de la perception, comment se fier, et rager d'effacer l'autre ? L'étrange pourtant nous ressemble terriblement, il n'est pas de ligne, mais des pertes riches, aucun pré carré de précarité, aucune simplicité de retrait, nous nous fécondons quoi que l'enfant décide.

 

 

 

Désengagement et plein vent, et en face un folklore. Refuser son statut de victime, ou consommer. Se réfugier hors saison. La révolte résolue du pas de côté, qui snobe les héroïques, et toute rémunération, et toute attente: la pension doit avoir une hauteur,  ni trou noir commercial, ni galaxie fermée, et surtout pas le gaz à tous les étages. Multiplier les mauvaises habitudes est la seule rémunération licite, et la seule mort de l'irréductible, vaincu par les invalides qui circulent déjà bien au-delà de la révolte1.



 

Une se force au trop, présume d'elle, offre tout ce qui d'elle n'est plus que plis, a depuis longtemps pissé sa beauté. Une autre soude à temps le scaphandre, douleur, et décide de se papillonner de plus belle, et s'affirme en son plus loin malgré la guerre. Toutes deux, même certitude, je n'étais rien, je le deviens ce corps, ce sans-qui-parle, je me nourris de ma propre dépendance, allocation, je m'octroie.


 

 

Sexe et délinquance. Divin. On est vite saisi par l'errance, sans rien comprendre du dessein des Puissances, cet abandon au matelas des mythes. Une équipe se forme, s'entend mal avec tout chef, avec l'horrible des quelques cheveux grésils et pauvres qui dépassent, qui refusent la dissolution; entre l'homme et la mélancolie, ce suc des planètes, il y a le mythe, dans cet antre-structure expie le sujet, celui qui croit commencer sa propre phrase, fantôme de nature. Les hommes-sans, eux,  répondent, constituent, nomadisent et créent.


 

 

La fibromyalgie est l'échec du capitalisme sur le corps, elle est conservatoire du libre2. On ne peut surpasser le bocal de l'espèce par le sexe, mais bien par la souffrance. On renonce alors, de retour dans le grand monde du sensible et de la karuna, à manger de la viande3.

 



Le procès n'est pas une finalité, n'apporterait que de nouvelles dissolutions, eux cultivent l'oeuf du contradictoire, de l'excès et de l'anarchie, sans aucune vertu, car eux savent que la morale n'à pas à se conformer à l'histoire, que le discours encrasse l'art4, que l'auteur à fonction sociale serait oxymore, que l'auteur s'exige citoyen grotesque, Monchu considérable, prophète perdu, et l'oeuvre bréviaire des vaincus. On ne sait pas ce que l'on cherche: ouf !

 

 

 

 

Le devoir de celui qui écrit est de se trancher les veines sur la page blanche,

de faire cesser ainsi le supplice des mondes informulés.
Cioran

 

 

 

 

 

 

1. N. Bouyssi, S'autodétruire et les enfants, POL

2. Traumatisme, sidération hystérique, fibromyalgie: un même gradient de réponse du corps à l'entreprise corps-machine.

3. Ligne rouge de tous les vivants sensibles: mouvement / douleur / pensée. Le Care sera aussi une machine à rétablir la pensée; nous sommes non seulement au pic du pétrole mais aussi à celui de la séparation néolithique, clivage du vivant par la domestication, plaies des frontières par la guerre.

4. Y. Reza, Comment vous raconter la partie, Flammarion

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31 août 2011 3 31 /08 /août /2011 13:29


P1020819
La culture n'est pas une idéologie qui s'imposerait de l'extérieur aux individus, mais « la substance et la limite » de leur sens commun1. Contenance, enveloppe, la domination n'est jamais absolue, et déploration et nostalgie s'y révèlent mauvaises conseillères. Parfois nous multiplions nos limites, il n'est plus à terme que des organes, que dès lors nous portons un par un pour soins à  l'hôpital. En d'autres temps, ou d'autres lieux, la contenance enfle et l'on ne la perçoit même plus, cette limite-Maya, et peut-être vivons-nous là le rêve. Mais un cauchemar d'abord: un double vitrage basculant, devant on pose un siège, pour que les assaillants ne puissent profitent  de l'ouverture, c'est la nuit, on se défend, beaucoup nous rejoignent dans cette résistance, mais la peur est là, entrée d'ennemis que l'on ne verrait pas dans l'obscurité, non, dans le noir vraiment, le rêve dit bien dans le noir, comme un enfant, c'est dans un seul dodo, mais ça vient et ça revient. Comme au lycée des seuls garçons où il y a avait un vasistas, ouvert en hiver, pour des assaillantes au-delà de l'espoir, ou peut-être pour des adultes qui entreraient, traîtres obligés, dans cette confrérie dernière et première d'ados. Fermeture, entrée, le rêve est l'impossible de l'état stable, l'impossible du sujet en limite lisse, et dans ce passage voulu et redouté à la fois, dans cet intérieur qui attire et qui apeure, il y a en même temps l'impossible du rapport sexuel et l' appel du troisième de l'amour, celui-là même qui, quand « ça se passe vraiment bien », apparaît sans image, en pure présence, en totale évidence, mais dont on se demande dans le flou d'un après-coup et d'un retour: « qui, quoi? », ce qui-quoi d'évidente présence n'est que Soi enfin amené à existence. Peu de gens existent vraiment. Rêve et culture sans domination, quel est ce lieu entre le travail, qui vide l'âme, et le rien, qui aspire au tout ? L'angoisse envahit l'incertain de cet entre-deux, devoir à quitter et caverne tellement avide de la pensée, mais dont les murs sont encore noirs de rien, de trop, d'oubli, de plus tard, dont les murs maintenant doivent recevoir l'écriture. Déjà, rien n'étant résolu, tout étant posé, comme un enclouage en os long, embrochage, malaise, métaphore sexuelle, le déscellement est possible. Je lui refuse la compassion, à ce Maître de mon âge que je ne suis pas devenu, qui fond en pleurs impudiques au téléphone, sa jambe risque toujours, j'assure la confraternité qu'il me plaque, obséquieux sans doute, lui éjectable par le haut de cette pyramide hospitalière que je dis aborrer parce que je la craignais, que je ne crains plus mais que je méprise, mon angoisse est double, mégaprothèses, quelle chair y-a-t-il vraiment sur cette jambe qui n'est plus que rare et léger métal, sur ce Moi posthumain mais au moins de corps ?

 

 

 

1. L. Jeanpierre, La culture comme jeu de forces, Le Monde, 6 novembre 2009.

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29 août 2011 1 29 /08 /août /2011 09:05

26 juin 2009 / 9 mai 2011 / 28 août 2011

 

 

le conte / les yeux / l'alcool


P1020896.jpg 

 

L'enfant est incorrigible, l'humanité est captivante, nous reste un grand délire dont chaque valise fracassée rit au nez de l'un, réconforte l'autre, indispose l'institution. C'est une histoire de la famille, et me comprennent sans peine tous les nomades du livret de famille, tous ceux du luxe des blancs du temps, des ratures d'amour, des surcharges en marges. Remercions donc notre origine folle, tout en murant le silence vers la mère, cultivons nos coupables, vivons  le retranchement qui cuit à petit feu capricieux.

 

 

 

L'alcool les fait toutes maigrir, d'année en année, à date fixe; l'alcool leur vide les yeux, l'alcool les fixe, les transporte d'un trop d'eux-mêmes en ailleurs. J'ai perdu mes papiers d'identité, dit une autre non-née, peu de gens existent vraiment, nous sommes perdus et nous n'avons pas de téléphone portable, pleure l'autre en pleine foule. Dans une autre combinatoire du réel, je chanterai en danois au bord d'un fleuve, tous les fragments sont bien là, tous ré-employés dans ce « Grimm ! » quasi-hurlé qui me fit bachelier de rien, il n'y avait plus encore de fleuve, ce fut le dernier cri, après un « Moi Monsieur !» de strates sages, de maisons fantômes en pain d'épices. A ce stade, je dois paraître bien fou à graphomaner, et bien normal à vider mon verre, qui n'est pourtant que placebo d'inspiration, qu'obligé pour gagner la lumière de ce lieu, extase archaïque. Une voiture remplie de livres débarque à Marseille, et c'était bien un enlévement, pourtant elle était venue avant moi, « Mais... Eric ? ». A la terrasse maintenant, il y a aussi le Commandant, bien sûr il est très sympathique, mais seulement de profil, cette place est le réel-mosaïque de la ville qui tue: j'ai encore faim, et il me faut tout peindre. Mais un vieux maître-collègue désabusé s'est maintenant installé, il n'est plus irritant, il est bon prince mais toujours prince, guignol sympa, et c'est le nez et non plus ses lèvres qui sont lippues. Beau, cette lenteur d'assurance. Elle est la femme de l'ogre, et aussi une mère.

 


 

Ne jamais remercier l'enfant. L'amour est presque inhumain, la haine est coutumière, et dans le presque se perd le lien. Les contes forment un genre presque inhumain; de nombreux animaux rêvent, plus tard, plus tard, les langues apparurent chez les hommes1. Le rêveur – et tous les personnages du rêve – sont une troisième personne, comme la femme que tu cherches éperdument, que tu n'es pas capable de te représenter, qui est immatérielle dans le profond de la chambre rare de l'amour, le héros de l'amour est incapable de se représenter, il s'alluse, il s'équivoque. La femme merveilleuse est au-delà de l'imagination, elle est plus que réelle, presque divine: essayez de l'imaginer, votre femme merveilleuse, déjà elle fuit vers les attributs d'une autre, vos questions fusent, vous ne savez plus, la beauté qui se mirait en vous est au-delà. Au delà, comme le conte n'est pas rêve, avançons, le conte est dans l'entre-deux de la veille et du sommeil, une magie en demi-cercle, une voûte romane, l'abside du sein parfait surgissant soudain – mais pourtant présent depuis toujours – en ces faubourgs.

 

 

 

Bien plus tard le linguistique, bien plus tard l'érudition: le petit garçon regarda ce corps de héros brûler, brûler, brûler, l'ennemi jusqu'alors avait une forme. On ne lit pas un conte. On nous l'a lu. On nous a lu un conte. On nous a vacciné contre le monde fermé de l'histoire, mais la plupart d'entre-nous ont quand-même été submergés. On avait tous droit à notre prince. Entêtement, quelque chose à l'intérieur de la tête, qui ne devait pas céder le pas, une poussée plus entêtante que la conscience, souvent l'entêté avance seul. Seule la lenteur – ou la folie – permet bien de rester dans le conte: le vite d'une carrière embarque, débarque; les contes fondent, les contes ne peuvent se relier de trop-adultes à encore-enfant, la folie-famille seule relie d'émotion les non-mots, elle impose un au-delà du possible, qui fuit, les lents seuls sont d'attention extrême qui garde lien. Le conte nous regarde et nous comprend, le conte est notre envergure, le conte est hypericône, un imaginaire à facettes dont nous sommes, les psychanalystes voudraient toujours nous travailler au miroir2 alors que nous sommes soudés en plein Réel par tous les pores de ce miroir là d'Alice. Le conte est invisibilité sociale, la morale n'a pas à se conformer à l'histoire3.

 

 

 

 

 

 

1. P. Quignard, Grimm, l'enfant incorrigible, Le Monde, 26 juin 2009. Pour Quignard, la régression (ou l'origine) suit un flux -mot / Histoire / légende / mythe / conte / rêve-.

2. La psychanalyse est un matérialisme du sujet

3. E. Levinas, Au-delà du possible, Oeuvres 2, Grasset/IMEC 2009

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19 août 2011 5 19 /08 /août /2011 08:47

Un site holistique, rasique, conjonctif, qui invite à une réflexion non pas sur le monde mais dans le monde dont nous sommes part, livrés aux  frontières de la Maya, ces limites en réseau que notre mental cultive a volo dans son impuissance, ces murs, depuis la première illusion de l'imperméabilité de la membrane cellulaire qui serait barrière ferme entre l'inorganique et le biologique, jusqu'aux cicatrices-frontières de nos "nations" pourtant métastables et uniquement nourries du flux, de la migration des hommes comme des pensées ... Imagine ! Le Monde ouvrant ses colonnes  à des alternatifs de la conscience... et c'est bien ce que fait le Hindustan Times ! L'Inde: une vraie presse, multiple, très bon marché, très libre et très critique face aux politiciens régionaux comme locaux, et surtout qui sait garder un mode de pensée et de vocabulaire même qui ne cèdent pas à l'uniforme mondialisant. Back to the speakingtree. in !!!

 

Autour d'un article récent:

 

 

 

 

Raj Kachroo

Conflict necessary for creativity ?

 

 

  P1040197.JPG

 

Conflit interne freudien de la "construction du moi", débat de l'Inde ancienne sur le conflit entre un  "personal Self" et un "impersonal Self",  et ici extension du débat à la non-nécessité d'un conflit entre action et paix, qui nous renvoie clairement à la philosophie d'Aurobindo (le site ne cache pas son étiquette "New Age", mais sans doute ici sans toute la connotation sectaire et bobo-économique qu'on peut lui connaître en occident), cette pensée active loin d'une tranquille résignation ou renoncement aux réalités de cette vie. Une "guerre" est louable si justement elle combat cette résignation, celle de la recherche constante du profit, comme celle du renoncement total; mais aucune guerre n'est bonne en elle-même, est-il besoin de préciser, oui il est besoin, l'Inde est aussi pauvrement nationaliste, sauf si, après immersion, on la voit comme un gigantesque ashram, une gigantesque coopérative où l'économie justement n'est pas dictée par le profit, mais par la résolution de la pauvreté de chacun de ses membres; après immersion on en vient à revenir sur ses propres croyances en la petite taille nécessaire de l'économie coopérative, Nathanaël aurait donc raison, et l'action de l'intouchable qui réduit toute la journée le caillou tendre en poudre nourrit toute cette collectivité du béton qui est produit, pont, maison, école. Ceci n'est pas une justification, ceci est une observation. La "bonne guerre", donc, déroutant kaléidoscope de l'Inde où les biographies de Gandhi et Mein Kampf se cotoient dans les librairies, Shiva, Dieu de la destruction, est premier, est nécessaire au flux, ce combat n'est pas le mien et j'ai failli là refermer le journal, ma lecture et vous abandonner, la "bonne guerre" disions-nous" est de s'engager dans le conflit contre les régimes répressifs de la connaissance, et toutes les ouvertures sont donc, sont sans qualificatif, elles sont, circulation totale et continue, mort à la discrétion en son sens mathématique, peut-être est-ce celà la "bonne guerre", et l'on touche bien là à son noeud: le réel est discret, en attente de sauts, et nous, nous nous devons d'avoir une pensée continue. It means, poursuit R. Kachroo, revolution in mindness. And allow the expanding of the existing. No war weapons can do that.

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8 juillet 2011 5 08 /07 /juillet /2011 22:03

P1030343.jpg

 

Puisqu'ex-ister c'est être instable (marcher, donc),

la mélancolie, cet impossible deuil de soi,

est bien l'impossible départ du fils au désir du père

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25 juin 2011 6 25 /06 /juin /2011 19:11

 P1040355.JPG

Notes de voyages autour de:

Bruce Bégout
Le ParK

Allia, 2010 

 

 

 

 

 Peut-être le déjà-vieux: car ce papier tient de de Certeau, en s'en défendant, mais le moins possible. Un parfum d'usurpation chez Bégout2, donc, en première approche, mais une totale fiction était étrangère au maître de l'entre-deux. Le Park n'est par ailleurs qu'une relecture biopolitique foucaldienne de Malaise dans la culture, mais on ne s'y ennuie pas, oh non, pas du tout, merci !

 

 

 



I. le poète, II. Le pervers (une expression fidèle de ce qu'il a vu4)


Pourrait être le tome II, reliure plein cuir, de Végétal5, pensai-je en premier abord. J'y reviendrai. Je m'égarerai, mais l'auteur m'avait bien rejoint, l'architecte souffre d'un arbre pacifique qu'il n'a plus qu'en lui, et avant de mourir au petit délire de la famille et à l'immobile du social, cette maladie est bien la source, et le débat de ce petit livre devient: où est le sens de circulation du mal dans ces racines internes, bien physiologiques ? Car sur plus de trois mètres de haut se dressait maintenant l'ectoplasme translucide de la tumeur cérébrale: elle se propageait de ville en extrême, jusqu'à ce que l'on sache cet interne de l'architecte, seules les racines du chamane comme celles du jardinier, n'ayez pas peur l'un de l'autre, seules ces racines voyagent de strates en strates22, elles sont  bien cette pensée à développer, cette supra-conscience qui perce-joint le comportement, la pensée,l' affect,le  noir de source: la douleur végétale6 en est le centre7.

 

 

 


Le bordel du monde est dans le terrain vague rescapé entre une cité et un échangeur autoroutier, il renferme toutes les instructions pour survivre à nous-mêmes8, il est ce parc d'attraction et de répulsion9, fréquenté par ceux qui ne peuvent se dire, vrai voyage, les unes en spectacle de leurs seins éclatants, les autres malsains de leur curiosité post-placentaire10. Elles sont belles de leur anatomie délirante,  eux de leur interrogations de puis-nés, et la mère recherchant le risque zéro de sa chair-progéniture, l'offrant en pâture,  et la colonie l'écorchant et la brûlant au toujours plus sensible. Si tous savaient, si tous osaient gagner et vivre cette banlieue sanglante, éclaterait l'émeute de bonté; mais à l'heure les seuls résidents en sont « musulmans », prostrés près d'un mur dans un brouillard d'odeur de cigarettes et de poissons morts, ils se tiennent à l'écart, comme absents au monde et à son agitation fringante, leurs regards trahissent un abandon total à la nécessité, tous les esprits en souffrance viennent ici vérifier l'analogie entre leurs noirceurs internes et les architectures délirantes. CQFD. Hôtesses sexy et déportés vont bras dessus bras dessous dans le ParK: ici, le multicolore de la cathédrale interne n'est plus cantonné au déambulatoire, l'espace sacré explose, flip-flop des murs, le squelette de pierre gagne une nouvelle périphérie, le post-humain meurt dans ce nouvel oeuf, des néons déjà sont fixés à l'extérieur de la coquille nouvelle pour la stabiliser à ce dehors qui n'est plus.

 

 


Il n'y a plus maintenant aucune pause entre les phrases, ni même entre les termes, et c'est cela même qui peut avoir l'air indécent. Accusation, encore, de chaos mal compris, étudiez le chaos s'il vous plait, avant de rire, avant de passer ! Tout coexiste avec tout et nous envahit. Mais quelques rationnels encore tentent une hauteur nouvelle pour observer, représenter, de leurs nouveaux et illusoires faubourgs, car ils ont déserté et interdit tout centre-monde. D'en bas, encore complice, la masse guette l'inscription qui annonce, l'état dans lequel ils se complaisent déjà, qui les masque à leur chair, qui écarte du présent les catastrophes passées et à venir. Ceux-là choisissent la non route, les seuls départs en marées synchrones des sirènes d'écoles, d'usine et de crematorium; ceux-là fuient toute re-création, ceux-là fuient toute nouvelle image qui n'aurait pas déjà été enregistrée au stock. Ceux là préfèrent se briser pour s'articuler au rythme du déjà, prisonniers de l'injonction.

 

 

 

Entrer à jamais dans la ville, parce que la partie sauvage que l'on vient de quitter n'est pas toujours forcément rassurante ? L'attrait des flashes du trauma, qu'il faudrait de temps à autre réactiver, revivifier ? Pleurer sa grand-mère plus de trois jours, et puis se rabattre sur des fringues de marque, mais qui auraient des défauts  ? Car entre marginaux, le cadeau doit être nickel, c'est le fondement du code de la faille. Et une fois libéré, aucun panneau n'indique la moindre direction, c'est le véritable labyrinthe du Même11, parfois l'on rencontre un autel précaire, bâtonnets d'encens et grains de riz multicolores, parfois on s'éclipse en Inde, et, toujours en descendant, alors le ciel nous accompagne12, et les bâtiments se syntonisent en fonction de nos émotions et non plus d'un pauvre programme: syntonisation au noir de source, et non à l'externe: car la matrice est toujours aléatoire, seule Das Ding n'est pas random.

 

   

 

Le bâtiment se modifiait en fonction de ses propres émotions1,  et tout ceci dit écoutant la musique qui élargit et le vin qui y porte, qui y porte nos désirs et déstratifie nos phobies: l'espace ainsi gagné donne sur une espèce de balcon géant encombré de broussailles, ce balcon du rêve qui surplombe tout, mais d'où l 'on entend encore - assourdis mais asservis à l'escalier que l'on pourrait emprunter si quelque chose d'inattendu devait survenir – d'où l'on est encore uni à tous les sens de la maison où s'ébrouent sans nous, mais nous toujours proche, toutes les générations. Nous sommes aussi dans le rêve central, et les  conspirateurs de ce livre, de ce ParK: nous contemplons en nouveau maître ce lieu que nous ne voulons pas tel quel mais qui nous livre les cris du tout du lieu. Nous sommes à l'orée, la nature en élément essentiel du système claustrophilique. Nous vérifions notre existence, puis nous n'avons pas le choix, nous devons quitter ce balcon, nous lever très tôt pour le train que nous sommes interdits de rater, et qui nous attendra même si nous nous y refusons; il faut suivre le chemin qui appelle13
 

 

On fait le pari du déclin des masses au profit de la naissance de nouveaux groupes sociaux plus petits: la situation insulaire serait absolument nécessaire. Loin du tourisme light, la folie est l'unique voie de délivrance.

 

 

 

Facteur E: le ParK est une économico-hypnose empathico-dirigée. Et nous n'en sommes encore qu'aux balbutiements. Architecture biopolitique, divertissement panoptique. Agir par le biais de constructions sur les réseaux neuronaux. Rendre le chaos déterministe. Agir sur le noyau, syntoniser Das Ding,  les autres systèmes se vassaliseront de surcroit; ne plus se restreindre à un chatouillis romantique de la sensibilité, ne plus se contenter d'imposer à la douleur, car nous sommes bien au XXIè siècle, imposer le ParK ou la mort: l'eugénisme épigénétique. Lamarckisme cognitiviste. Ville-homuncule. Rome par les jeux de l'oligocirque. Continuité des cytomembranes, mais emprise thalamique. Post-bidonville. L'architecture quitte sa tranchée de terre et de roches granuleuses, et rejoint l'eau. L'architecture, santé mentale que l'on te souhaite en haut lieu, lecteur dernier14. Post-thermalisme. Auschwitz s'efface, cette flânerie métaphysique, les cellules souches maintenant s'implantent, le situationnisme est ringard, la ville est cyborg mental, la tranquillité soporifique lecorbusienne elle-même est has been, l'architecture s'érige en redoublement de la séparation entre dedans et dehors, et le citadin ne cherchera plus jamais, maintenant, à savoir15, Homo limes est leurreux en son Autoville, création de la Thalamique qui a adoré le Guru, et sans doute Homo limes ne souffre-t-il même plus, et sans doute est-il donc totalement brownien: libre16 (la Thalamique, bien que perverse17, ne manquait pourtant pas de compassion, mais Homo limes ne se voit même plus en survivant).

 

 

 

Les éléments restants recristalliseraient in situ, déjà les horizons profonds de profil d'altération recouvrent 33 % des continents18. Totalement détourées, nos noix de noir interne perdent toute répulsivité et s'auto-polymérisent. Cette exhibition simple du mal est-elle passage à l'acte ? Ou bien est-elle cet immobile entre folie et perversité19 ?

 

 

 

 

 

 

 

Le parc est devenu camp (…)

Il a élevé son niveau tout en restant cette enceinte spéciale  à laquelle,

depuis toujours, l'humanité20 confie son sort.

 

 

 


 

 

 

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2. B. Bégout, La découverte du quotidien (!), et voir article Esprit

4. Husserl; Bergson et notre réel-image

5. Ce livre sur le seul arbre, celui que l'on cherche partout, les pieds en bas, qui effraie jusqu'au bout de son étrange, et qui finalement, élégamment, s'implante en nous, en notre moelle interne, oligodendrogliome, on accusera les téléphones embarqués à bord, ils n'ont rien à voir, il fallait bien que le rasa se fraie un réseau dans le non-tissu que nous devenions, merci.

6. cf. douleur animale / végétale / minérale

7. Et à l'extrême de la périphérie, notre nom, qui est bien cette terrible corvée de signifier.

8. Instructions pour sauver le monde

9. Désir d'exil et sables mouvants: Choir, de Chevillard.

10. Lien vers billet HHhH

11. cf. Paul dans Voyage

12. Le Mont Analogue

13. Car on est dépendant du voyage lorsque, incapable par la seule pensée de passer de mémoire en mémoire, incapable de retrouver les odeurs de nos états antérieurs, on les recherche compulsivement, ou de réveil en réveil, de par le monde. Puis au jour de la dépendance corporelle, traumatique ou par la dent de ce temps à qui jusque là on s'est déclaré consentant, au jour de la dépendance du corps, ce jour qui s'impose parfois, inaugural, soit l'on touche à l'image par la contenance enfin acquise et acceptée - toucher à toute l'image et à toutes les couches de l'image - , soit l'on s'absente pour reprendre la route.

14. Mais je te prescris la route.

15. cf. libération de Paul dans Voyage

16. Seuls quelques uns peut-être, ayant dérivé vers l'Est, attirés par le gouffre mystique de la dissolution dans l'air chaud et humide, resteraient quelque peu liés...

17. Folie comme perversion ne seraient-elles toutes deux que refus de la zone grise ???

18. Latérite, a-latéralité, attracteurs étranges.

19. Quelque chose comme la non sortie, l'acceptation du trauma per se. La fin de toute tentative de traversée du traumatisme: ni naufragé, ni rescapé.

20. Et le vivant plus globalement, de la cellule au camp. L'instigateur du camp n'est que l'inorganique confronté à l'entropie, et préserver le vivant par des membranes est inutile sans doute si à l'intérieur le noyau profond ne s'y exprime pas... (le mal, alors, est intrinsèque à la nature mais ne s'y exprime que dès lors que des limites, des frontières, sont érigées). Protéger, isoler, divertir, domestiquer, exterminer; la limite est survie mais la limite est corrélative de l'a-pensée de la masse...

1. D'autres architectes passèrent leut vie à bâtir de pierre leur intuition géniale mais pourtant conservatrice (Gaudi exprime la nature à la Sacrada Familia); lui syntonise la ville à l'évolution de ses émpotions.
21. cf. mon interrogation in  notes de "linguistique sanscrite" 

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3 juin 2011 5 03 /06 /juin /2011 20:03

 

métonymie, ce temps transversal

Le Soi est plus large que la mort ou que la peau de l'individu

 

cablage.jpg 

 

Métonymie

Dividualité

 

 

 

Ce qu'on appelle un moi, c'est la façon dont concrètement l'idée abstraite de l'infini se produit dans l'être (…) La mort par laquelle le moi est enfin changé en lui-même par l'éternité,

est aussi l'instant où le moi semble arraché à sa fonction de moi.


Emmanuel Levinas1

 

 

 

Quelle est cette créature qui, sur tous les chemins, ne garde jamais que le souvenir d'elle-même ?

C'est le souvenir en personne qui se rend en voyage et qui a toujours été en pérégrination.


Hans Günther Adler2

 

 

 

 

L'Inde nous questionne sur l'identité personnelle dans le monde des vivants3. Sur cette peur de l'effondrement, par delà le processus de la mort, par delà l'expérience mystique, et la crainte de dilution du soi dans l'océan, de béatitude peut-être, mais nourri d'impersonnel, vaste désolation de l'ego qui n'y retrouverait plus sa trace... La Praktri, la « nature », y est la constitution d'un tissu, d'un milieu ou d'un organisme vivant, combinatoire de grands éléments et circulation d'humeurs. Tous les êtres sont liés (sans notion de « règnes » animaux, végétaux, etc...) de par la naissance et l'incarnation dans le monde de la souffrance, c'est en tout cas l'hypothèse que fait le professeur occidental et indianiste, souffrance et maladie ne sont qu'un des liens naturels entre les vivants, sinon le lien premier, déclinable sous d 'autres sensibilités4, compassion, amour, amitié, etc... Ce lien naturel, père du lien empathique dont il nous faut atteindre le tuning adéquat, dans nos médecines « parallèles » occidentales5, et ce lien thérapeutique de l'ayurveda.

 

 

 

Mais Mâyâ aussi se traduit par « nature », nous dit encore le maître... car Mâyâ est cette souffrance associée à l'illusion qui nous masque aux choses de la nature, et engendre la construction d'un lien politico-moral plus ou moins contraignant pour l'individu, plus ou moins satisfaisant dans son implication au monde, qui n'est plus qu' indirecte. Par la doctrine du Karma, continue le maître (dans un verbe d'une apparente simplicité et d'une implacable logique associative qui ne le laisse pas de sourire, le regard fixe) le Samsara joint – (yoga, encore, mais ne faut-il pas toujours le répéter ) - (The Indus River, sings Cohen at the very same moment, mais nous allons revenir sur ce temps) – le Samsara est sous-tendu de cette Maya-illusion (l'apparence, les choses sensibles) et par la notion d'incarnation (la chair, le corps sensible), celle-là même de nos peurs judéo-chrétiennes, et du Tome 2 à venir et impossible de la Fable mystique6, celle à laquelle tentent d'échapper par l'artifice technologique (après d'autres, deux générations plus tôt, séparées d'aujourd'hui d'un âge bien sage, par les psycho-dysleptico-enthéogènes) les prophètes et les disciples montants du post-humanisme7. Incarnation et illusion cyclent dans le Samsara et sa doctrine de rétribution des actes8, dans une tentative d'éthicisation du lien naturel entre les vivants, une mise à distance intrinsèquement composante du voile qui s'abat sur le primordial, une doctrine morale dont la Maitri n'est qu'un corollaire9. Laissant maintenant ses élèves très loin, le vieux maître avait là déposé l'hypothèse et l'argument de force - qui ne s'inscrirait plus auprès de ses collègues néoténiques - mais qui ferait événement bientôt chez quelque disciple. « Nous souffrons dans les illusions de nos contours et les contingences qui peuvent nous faire porter une fausse identité », nous faisait-il forcément lire10; se libérer de la souffrance par le rétablissement du lien naturel, direct, avec autrui, ce lien négligé et meurtri dans la fausse identité qui nous disjoint de la Nature11, se libérer en voguant ou plutôt sautillant vers la « vraie identité » qui nous permet de ressentir l'unité avec les autres (ou: «  le narcissisme est schizoïdie »).

 

 

 

 

Principe d'individuation... Schopenhauer critiquant les catégories de Kant, au long cours desquelles nous devrions logiquement organiser notre champ de sensation, ces catégories ne sont que causalité, ne font que disperser les objets dans un espace intissé, sans trame, gouverné par des injonctions linéaires qui jamais n'atteignent, un chemin d'espace brownien, des rives sans passerelle, un fleuve se voulant sans eau: le format « béta » de l'expérience humaine contrainte. Individuation et déterminisme, ces principes de raison suffisante qui façonnent le Moi12. De cet être humain naissant qui dans son effort de tout comprendre se fragmente lui-même, énigme de la raison, en formes et fracas plus ou moins descriptibles, en monde de lutte continue, de frontières et de plaies-à-cicatrices13 (ainsi le maître expliquait-il la fragmentation du monde sensible, le monde de la Mâyâ, ce réseau de limites qu'il sentait lui-même de son propre maître, ces mots qui me fondirent en ce jour là comme glace sur le soleil, de leur sonorité même, et sans plus y chercher). Il n'est pas d'individu, la personne est dividuelle, l'individuation est mère de différence, et voilà l'étranger irréductible de nos nations. Mais bien sûr ce n'est plus déjà si simple, il ne s'agit pas de penser une opposition entre un monde d'entités discrètes et un monde continu d'entités à facettes, l'identité personnelle participe de ces deux extrêmes, c'est en tout cas ce que ressent le vivant oriental, et la dividualité, par son partage sub-optimal de facettes publiques ou semi-privées, permet une circulation partielle, sélective des rasas, ces flux qu'il nous faut alors équilibrer14 à ceux profonds de la Nature. Un processus physiologique et psychologique de fragmentation en êtres dividus15, conceptualisant certaines de leurs facettes comme étrangères, en mettant inconsciemment d'autres en totale communauté, un gel partiel des humeurs dans un monde semi-vide, semi-liquide. Le Soi est plus large que la mort ou que la peau de l'individu.

 

 

 

 

Ce qui persiste devient autre (exister c'est être instable). Réel, conscience et mémoire: seule la flexion de la pensée permet la connexion à l'objet réel (la conscience naît de la conscience et non du soi, poursuit le maître). La mémoire, qui forme l'identité de nos états antérieurs, validerait-elle aussi l'identité personnelle ?16 Et la mémoire n'est-elle que processus linéaire naviguant la chaîne des images, ou peut-elle atteindre par les facettes non appelées de la même image, du même objet ? Mémoire linéaire, mémoire métonymique17... La pensée, détournée du réel par la représentation, doit entrer en régression pour retourner en connexion; pour le bouddhisme la pensée existe sans identité personnelle, qui relève de la Mâyâ, tout comme le temps n'est qu'illusion, mais qu'existent bien des successions, des juxtapositions d'instants, sans causalité, sans lien: la pensée est cette atteinte de l'aura (plus qu'image peut-être32) de l'objet antérieurement perçu, elle est relation instantanée avec l'objet, mais cette flexion vers l'instantané de l'objet peut-être empêchée par le trouble mental, la suggestion, le chagrin, etc... Au départ de cette pensée d'instant est un acte d'attention18, et c'est par un processus métonymique qu'elle atteint à nouveau à une des facettes de la chose; et cette pensée-acte d'instantanéité va périr aussitôt née19 (si par contre la pensée ne se produit pas dans une série où la notion d'un certain objet a été placée par la perception faite par un individu, elle ne peut produire la mémoire, elle ne se fléchit pas au réel20). La personne est bien considérée ici comme une fiction conceptuelle, construite à partir d'une série de contacts à l'objet, d'images, de Darshans, et c'est bien dans ce même monde de l'image que Bergson place aussi l'individu21; mais nous construisons aussi une limite opaque autour du réseau de ces connexions, qui sont l'ossature de notre contenance, de notre tissu. Aller au Soi: dans le travail psychanalytique d'"oscillations métaphoro-métonymiques", l'association métaphorique relèverait de la pensée sans attache à notre part privée du réel, elle utilise l'outil culturel linguistique imposé à cette pensée libre, tandis que le travail métonymique nous reconnecte à l'instant enfoui de notre attache au réel: la métaphore n'est que l'outil vers la métonymie, qui permet au-delà l'enveloppe du moi l'anabolisme d'un cristal de réel, dont notre conscience est discrète; et la flexion de la pensée vers l'objet se produit de façon continue, indépendamment du statut de notre conscience, parasitée au processus mental, ne gardant directement accessibles que les dernières transformations par la représentation, considérées comme temporellement différentes, de ce qui pourtant est persistant; et l'identité personnelle se réduit aux connexions entre certaines facettes, plus ou moins privées, de ce grand et public persistant plus ou moins agi par chacun de nous dans un « courant d'expériences ». La dent du Bouddha est cette entaille, cette discrétion dans notre perception, nous sommes entaille plus qu'organisme22.

 

 

« Lampe » est le nom attribué par métaphore

à la série ininterrompue des moments de flamme qu'on regarde, à tort, comme une « unité »23.

 

 

 

 

 

Retour à la question basique, ontologique: qu'est-ce alors qui est fondamentalement réel ? Le fil plutôt que l'étoffe ? L'étoffe, ou le feu, ne sont que des concepts, seuls sont perçus le fil ou la particule lumineuse, l'ensemble n'est que fiction, ramassis causal24, notre organe de la vision oscille entre un pouvoir discriminant et une correction anti-stroboscopique plus ou moins efficace25, la reconnaissance d'un pot cuit et noir n'est due qu'à sa similitude de forme avec celui qui, rouge, ne l'est pas encore, l'individu n'est que cet amoureux de la toujours même forme, mais qu'il a brûlée déjà autrefois à son propre feu, et cette forme au-delà de laquelle il tente de maintenir le lien au réel par cette quête métonymique. La métonymie, ce temps transversal, affranchissement du linéaire, franchissement aussi: car le débat entre hindouistes (tenants de la Mâyâ qui masque le Moi- réseau, jeu et conjonction -) et bouddhistes (tenants de l'illusion du Moi) renvoie à celui sur la notion de temps, qui pour les premiers existe - mais uniquement en liaison non causale de différents instants -, tandis qu'il est réfuté par les seconds, relevant uniquement de l'illusion: le Moi est conjonction d'actes pour les premiers, souvenir pour les seconds; mais accéder à ces actes ou à ces souvenirs relève d'un processus métonymique de la pensée, où le contexte est déterminant, où les oppositions ne sont qu'apparentes, où les « diglossies multiples » sont nécessaires26. « L'existence temporelle de l'homme se produit comme un rapport entre ce qui est et ce qui n'est pas », nous propose Levinas27, mais « ce qui n'est pas ne se montre pas dans la perspective temporelle comme pur néant: le néant du passé ou de l'avenir est peuplé d'êtres passés ou futurs », « qui frappent à la porte en sollicitant notre pouvoir de reprise ou de réalisation »: reprise de la pensée métonymique, infléchie; réalisation de l'autre pensée encore-toujours sans propriétaire. Le temps n'est que production de l'être à partir du possible, et de l'indéfini encore de la pensée non infléchie vers l'objet, qui sans doute garantit l'essentiel inachèvement de l'être28. La métonymie franchit la stratigraphie, verticalement, pour ressurgir en voyageuse horizontale là où devrait être l'appareil de pierres annoncé par son empreinte (sa forme): ce court-circuit nous restitue l'espace, quelle que soit sa composition (sa contenance), en l'instant « présent », di/dt, dnéant/dt.

 

 

 

 

Mais quels liens la littérature entretient-elle donc avec cette réalité29 ? N'est-elle juste qu'outil de notre conscience du monde, ou bien les mots (artha) plongent-ils aussi dans le mille-feuille du réel ? Ne font-ils que représenter le monde, ou bien le nourrissent-ils, d'un abyme-monde contenu en la bouche du lecteur ? La faille du mot écrit30 qui n'autorise que la construction d'un lieu toujours autre, et jusqu'à cette faille extrême de l'argent, ce mot extrême qui aujourd'hui s'est exilé de toute représentation, créent par là même des hommes migrants, mais pourtant marcheurs et penseurs d'une seule et même écorce. Et du côté de l'auteur, l'écriture qui blesse et qui meurt, mais sauvant le centre, peut devenir nouvelle geôle... Dans un monde soumis à une prétendue accélération du temps, mais qui n'est que prise de conscience - grâce à la technologie - de l'état de superposition multiple de ce que nous croyions le temps linéaire, la métonymie accède à son rôle de pieu dans le compost des possibles; Platon avait voulu expulser les poètes de la Cité31, mais les idées ne sont pas immédiates, et elles naviguent dans le tissu des restes, et il redevient possible de confier son existence à quelques phrases.

 

 

 

 

 

1. E. Levinas, Parole et silence et autres conférences inédites, oeuvres 2, Grasset 2011

2. H.G. Adler, Un voyage, Christian Bourgois, 2011

3. F. Zimmermann, séminaires EHESS, 2007/2008 et 2010/2011 (link)

4. Sensibilités dont il nous faut alors gagner l'intégrale par la traversée du traumatisme, et par là atteindre à la « communauté de ceux qui vivent marqués du sceau de la souffrance » - saut peut-être – pour ressentir notre unité dans la nature.

5. Incluant l'approche ferenczienne du traumatisme, par rapport à la psychanalyse « orthodoxe »

6.cf. plus loin logos et mythos

7. De l'inexistence primordiale des règnes, séparant aujourd'hui les mondes du vivant, à cet hyper-cloisonnement refusant la génération et sa souffrance de chair par l'artifice technico-biologique et la prothèse.

8. introduite au 6è siècle avant notre ère; ré-introduite au XXè par la psychanalyse, outil de navigation entre l'image et le réel.

9. L '"individu" occidental n'est conceptualisé que par une de ses facettes, corollaire sociétal, mais dans l'ensemble des vivants, d'autres facettes sont communes, tissant un monde continu, dans un « gel » du vivant semi-public/semi-privé, convaincu de discrétion par la Maya, préservé de la schizophrénie par la Maitri. Car de par l'incarnation nous sommes constitutivement fragmentés en nos facettes privées, semi-privées, publiques. Il n'est pas d'individus, il n'est que dividualité, individus à facettes, fragmentés, et qui ne sont "chacun" que combinatoires des connexions atteintes.

10. Voie de thérapie, retrouver ses lignes, ses noeuds, abandonner ce contour accepté. "Lacan est un chamane", dira Levi-Strauss.

11. Jusqu'au défaut majeur de lien conduisant à la psychose

12. La psychanalyse n'est-elle que l'apprentissage d'une langue à jamais étrangère ?

13. La dissection est la mort, l'identification-aliénation est la racine de la guerre, la méditation permet le retour à l'indivis, à l'oeuf, « retour » oriental versus  causalité de mort occidentale; quel est donc ce pôle associant dé-différenciation et vieillissement cellulaires (l'ovocyte tout juste fécondé, lui seul peut-être) ? Yoga de la Mère...

14. Par la médecine humorale, par l'Ayurveda. La dividualité est communauté de sort de toutes les créatures, et dont la perception par le médecin permet l'établissement thérapeutique du lien de la Maitri – l'empathie - . Le lien empathique est donc bien naturel, mais c'est le possible de son utilisation qui doit être induit par le thérapeute.

15. Corollaire du biopolitique pro-schizophrénie par destruction du lien social

16. Et l'identité serait bien alors cette traversée en images qui incrémente la médiathèque immédiate du réel. Ou, selon Bion théorisant l'autisme, cette ternaire expérience / image / mémoire dont nous expérimentons dans un temps apparemment linéaire les différentes pratiques;

17. Mémoire immédiate ou de travail versus mémoire épisodique et ses impacts d'affects ? (diront les neurologues)

18. Et un acte, nous rappelle le maître, "c'est quand Manas (le mental) établit un Yoga entre les Indriya (organes des sens) et les Artha (objets, et choses, et buts de l'action)"

19. Vasubandhu, Réfutation de la doctrine du Pudgala, in http://ehess.philosophindia.fr/philosophie

20. Peut-être cette seconde forme de pensée qui ne peut atteindre à aucune des facettes d'un objet antérieurement perçu relève-t-elle des « pensées sans propriétaire » de Bion, ou des pensées se développant dans ce « néant qui n'est pas un pur rien car peuplé d'êtres passés ou futurs » de Levinas, note 1 et cf. plus loin.

21. H. Bergson, Matière et mémoire

22. L'humain est immun, la pensée est automobile, maçonne. Vers l'hyper-humain, et non le post-humain...

23. Vasubandhu, op. cit.

24. Tout comme le principe du « double effet » de la chrétienté, qui autorise la pensée double...

25. J. Dubois, R. VanRullen, Visual Trails: Do the Doors of Perception Open Periodically? Plos Biology, 2011, 9:5. Trailing is  perceiving a series of discrete positive afterimages in the wake of moving objects, a discrete series of snapshots of the moving object along its past trajectory. An image normally takes about 100 ms to fade from perception,but perceptual threshold and/or it cortical control could be altered in some people experimented neurological diseases or substance abuse (mainly LSD), although the physiological process would normally serve to hide the discrete visual trails. One of the most striking phenomenological manifestations of the discrete nature of perception is the so-called ‘‘continuous wagon wheel illusion’’: in plain sunlight, a continuously rotating, spoked wheel can be perceived to rotate in a direction opposite to its true motion (movie watchers are accustomed to this percept). Quasi-periodic sampling or binning processes within the visual system have been proposed as an explanation.

26. Et le réel d'images de l'individu, prôné par Bergson dans Matière et mémoire, est bien proche aux dire même des swami de Rishikesh, de celui de Cankara... (M. Eliade, L'Inde, Editions de l'Herrne, 1988).

27. E. Levinas, op. cit.; l'inachèvement essentiel de l'être y est infinitude (et non finitude, cf. Nancy et Derrida in L'homme sans); cette infinitude est un processus et non un état.

28. L'homme, créateur de réel par la reprise d'espaces intermédiaires transitoirement absents, ou par la réalisation d'espaces privés eux-mêmes futurs « néants ». Ce réel que nous amassons est bien derrière nous et qui nous pousse, la réalisation (divine, cf. Sri Aurobindo) est noeud, conjonction, Sans Autre–Tout Autre: les prophètes sans doute coïncident de leurs réalisations.

29. Le Monde des Livres, 20 mai 2011

30. M. de Certeau, L'écriture de l'histoire

31. En voulant émanciper le logos (discours philosophique) du mythos (récit littéraire)

32. cf. les "empreintes autistiques" pré-représentatives, in H. Rey-Flaud, L'enfant qui s'est arrêté au seuil du langage, Flammarion, 2010

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21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 18:45

6-21 mai 2011

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ASPASIE

(la beauté est androgynie fantasmatique1)

 

 

 

 

Ivresse de l'incertitude, dead-line toujours refoulé9 , angoisse de ne pas avoir assez fouillé le réel et de devoir écrire, et retour impulsif à la fouille, qui en devient permanente, une stratigraphie de frontières, et quand est atteint déjà, enfin, le rocher originel, mais qu'aucun mot n'est venu, il n'y a plus, vite, qu'à creuser à côté, attendant le maître qui fera parler notre propre découpe. Comme un moi qui fait tout - c'est son job en propre - pour rester dans son hypothèse s'il peut encore éviter la norme. Parfois éclate pourtant une bouffée d'écriture, mathématique plus que littérature, avec ses postulats, mais aussi sa part affirmée d'inconnu toujours: ceci suggère cela en est d'ailleurs le seul signifiant.

 

 

 

Un petit oriental entre gris et noir – certains lui refusent le gris, mais lui ne se dit ni bourreau ni victime – un petit oriental à double bosse, cyphose et bedaine – traverse la scène. Comme lorsque le miroir met ses lunettes pour nous regarder d'identité. Cauchemar bureaucratique versus fragilité individuelle2. Et seule Elle peut encore, dans cet unique paradoxe du vivant, nous sortir de la génération... Non pas simplement (dire d'ethnologue, ou langue de belle-mère) simple théorie d'interruption du regard (qui sous prétexte de liberté nous ancre peu ou prou à un autre clan):  car s'aimer est tomber à deux dans l'intermédiaire. Plus de violence administrative, plus de numéro d'attente et de file d'angoisse, mais bien des nations sans parents et des passeports sans enfants, le remords de la guerre froide dès lors est caduc, et la fièvre narcissique, et seul l'adolescent de toujours, celui-là forcément incapable d'avoir un nous, plongeant encore dans le nécessaire poison des douleurs familiales. Les adolescents pèsent leur chair, facturent leurs mensurations.

 

 

 

Mais résiste encore, dans le temps des autres qui pourtant avance, ce fade de la pensée empêchée, et puis - pourquoi en cet instant qui s'effondre ? - surgit cette évidence de la plus jolie femme.  Que me fait tendre, dans ce vacarme qui fige, dans cet assemblage de commun, vers la seule irradiation de ce lieu ? Est-ce là processus primaire, de mon seul désir qui tente ? Elles sont belles d'entre-jeunesse, et aux seuls sourires, mais je suis dans le trop de mâles du monde. Vient déjà une réponse: la beauté est tautologique de son énigme, du rêve de ses yeux, de l'inclinaison songeuse de sa face et du mi-hâle de sa peau: la beauté est juste avant ce trop lisse qui clôt. Je ne peux résister à son potelé de l'amour, à ses bras splendides sur son genou nu, à la flagrance de chair de la ligne de fuite de son grand pectoral, qui la met totalement nue, pour peu que l'on soit exactement à ma distance, médicale.


 

Consommez dans l'instant, nous dit l'école. Ici est un lieu, mais hors sa beauté, tous relégués. Bulle d'externe. La jeune manager est handicap de sa beauté. Mais des orbites vides, mais des toux grasses en terrasse, les relégués en sont au partage. Le poète, lui aussi, est successivement emprisonné et libéré: Elle l'environne, c'est la mission révélée par le prophète à tous ceux qui, envoyés au front, exacerbent leur clivé3; l'éditeur lui est empêché et tous, à nouveau, s'auto-éditent, reprenant ensuite ici - de force, ou par délation - leur nom caché. Je suis né le jour où Elle l'a décidé, nous naissons bien quand nous sommes en état de re-fusionner, et certes pas à la maternité.



 

Que faisaient-ils ensemble avec leurs corps ? Beaucoup d'entre nous meurent vierges et masturbatoires, un devoir en attente, et quelques imaginations. Elle: devrait se métamorphoser en permanence, changer de forme, pour toujours être le contrepoint parfait de ce que jour après jour elle me donnerait. Et moi, amoureux éperdu, finirai donc par la tuer, le vrai amour est forcément crime; le consentement est au-delà de cet équilibre impossible du double contrepoint, le Dao garde bien représentés deux centres, d'où la tentation de continuer à penser en noir et blanc4. C'est l'absence de corps qui permet la relation. Son éternité.



 

Après la mort du père uniquement commence à se dessiner progressivement tout paysage intime: alors je pus, alors je dus m'inventer cette insouciance fracassée des dandys. Me perdre enfin dans ces ruines circulaires que je cultivais. Refuser de suivre, peu-à-peu. Me terrer dans le fragile des mots, étranger parmi les étrangers, chercheur d'amis à jamais perdus dans une vie antérieure, le dialogue en débutant pour autant, appelant de nombreux romans. La beauté naissait en idée fixe, en androgynie fantasmatique, en club des Hachichins aux Mille et une Nuits, mais gardé de son cerbère et donc sans acte possible. Les tyrans sont-ils bien faits de particules mortelles ?5 La beauté fracassée dont j'avais été exilé par l'Empire revenait par navire au sein du continent, et seule la littérature devenait autorisée à faire des nations6. Restent des chiffonniers du concept, des farfouilleurs des savoirs, et parmi eux quelques-uns qui tentent de faire vite avec des idées lentes, d'écrire court sur de gros livres7, tandis que les autres rament pour aimer. Où commence la sincérité d'une relation ? Où finit-elle, surtout ? Seules certitudes, les origines ne mentent pas, et dans le relai qui viendra, seule la contre-culture est consentante, elle seule tend, entre vie et pensée; et tout le reste, tout ce sexe qui  ne passe pas par l'origine, toute cette beauté surprise, elle, se monnaye, est industrie. La zone grise existe, mais pas son interprète; illusion de fermer un livre, mais lui offrir, à Elle, toujours le même livre8.

 

 

 

 

 

 

 

1. http://clio.revues.org/index132.html

2. Marc Weitzmann, à propos de Faute d'identité de M. Assayas (Grasset),  Le Monde, 6 mai 2011

3. « L'Eternel a créé une chose nouvelle sur la terre: la femme environnera l'homme ». Jérémie, XXXI, 22, cité par  B. Cendrars in La main coupée, Denoël, 1946.

4. C. Fourest, http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/05/20/eloge-du-consentement_1524973_3232.html

5. E. Rjevskaïa, Les carnets de l'interprète de guerre, Christian Bourgois.

6. « La beauté, sous toutes ses formes, incarnée, dans la vie, par les femmes, qui lui coûtèrent cher » (M. Contat, Le Monde, 6 mai 2011, autour de Théophile Gautier).

7. R.-P. Droit, autolouange

8. Au présent ou L'Amour des Maytree  (A. Dillard).

9. http://www.creos-forum.org/t8-separation-et-origines

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13 mai 2011 5 13 /05 /mai /2011 20:58


4 février 2011
L'homme-sang, un voyage...

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Ne me demandez pas qui je suis et ne me dites pas de rester le même:
 c'est une morale d'état-civil ; elle régit nos papiers.
 Qu'elle nous laisse libre quand il s'agit d'écrire.


M. Foucault

 

 

 

 

 

Le handicap est arrêt du mouvement pour tout le monde, internes et externes, sauf à être passés au noir de source1. C'est l'autre pôle du voyage pathologique; et, entre: une normalité qui ne sait plus danser. Ce train qui jamais ne s'arrêterait transporte mon moi handicapé au feu de tout le voyage, et quand on me récupérera, me souviendrai-je de ce qui s'est dissocié de ce moi de peu, de ce tout qui déjà ne m'appartiendra presque plus, resté en bloc dans le réel, indicible, expérience qui se nourrit et se détache vers l'instant de liberté ? L'homme-sang, un voyage... Le handicap, c'est aussi une posada en pleine côte, sous le vent, quand on ne parle pas un mot de portugais, et qu'on ne sait pas bien pourquoi elle nous sourit, et qu'on dénie toute méprise dans ce vers-soi. Le handicap c'est un visage d'accumulation et de brèche2, et des départs qui vous sauvent et vous grandissent.

 

 

 

Dans cette attente, nous sommes des malveillants de nous-mêmes, nous condamnant à nous habiller de beau, gonflant nos manches et nos turbans, paraissant d'instruction, masquant la plaie au rossignol qui seule motive notre chant, chaque époque produisant ses discours à départager, son ordre apparent des mots et des choses, mais, derrière, les mêmes désordres et les mêmes failles. Il est, bien sûr, des rôdeurs, et même quelques écrivains de combat, amoureux des mots dans un lieu où le langage est forcément corrompu d'imposture, il est, bien sûr, quelques-uns qui s'appellent. Leurs mots et leurs morts les sur-subjectivent, sans doute, mais ils montent encore au front, refusant toute permission, s'obligeant, minimes pigistes des formes encore libres, tandis que reçoivent les émérites; il faut à certains toute une vie pour tenter de dire non, d'autres désertent à la première occasion. Ceux-ci sans doute portent déjà en retranchement de nombreux corps morts; ceux-là attendent encore, puceaux de l'horreur comme on l'est de la volupté3. D'autres encore (ceux de-ci, de-là), en désespoir de communication avec l'ordinaire, leurs liens de rien traînant et offerts à toutes les foudres de l'inorganique, écorchent, violent, assassinent, pénètrent de force celui qui ne sera jamais leur autre4.

 

 

 

Et quelque chose, par les failles de ces néo-discours, comme le souvenir de ce qui pourrait-être perdu, des cousines russes, le grand-père qui n'ose plus parler, un inconscient linguistique, et un au-delà du langage, ce système de contrainte5. Un homme sans âge6.

 

 

 

 

L'humanité s'installe peu-à-peu dans une monoculture.
 Elle s'apprête à produire la civilisation en masse.
Comme la betterave.


C. Lévi-Strauss

 

 

 

 

 

 

 

 

1. J. Bousquet avait trouvé la solution, seule solution, pour être en-dedans.

2. A. Chédid

3. L.-F. Céline

4. Il y a deux voies exclusives et antinomiques de « sortie » du traumatisme, prétend F. Davoine: la folie ou la perversion, le troubadour de l'amour courtois ou le bourreau. Mais dans ce ou, P. Levi comme H. Arendt posent, eux, la normalité de ceux qui voudraient danser, mais ne savent plus penser: une zone grise.

5. Dans l'écriture de l'histoire comme à la boulangerie, une même théorisation du peuple ("Et avec ça ?" "Un croissant au beurre ?"). Violence des questions fermées qui appellent le rien, mais circulation de tous les possibles par les failles de l'identité.

6. M. Eliade, Jeunesse sans jeunesse (L'homme sans âge de F. Coppola)

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