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31 août 2011 3 31 /08 /août /2011 13:29


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La culture n'est pas une idéologie qui s'imposerait de l'extérieur aux individus, mais « la substance et la limite » de leur sens commun1. Contenance, enveloppe, la domination n'est jamais absolue, et déploration et nostalgie s'y révèlent mauvaises conseillères. Parfois nous multiplions nos limites, il n'est plus à terme que des organes, que dès lors nous portons un par un pour soins à  l'hôpital. En d'autres temps, ou d'autres lieux, la contenance enfle et l'on ne la perçoit même plus, cette limite-Maya, et peut-être vivons-nous là le rêve. Mais un cauchemar d'abord: un double vitrage basculant, devant on pose un siège, pour que les assaillants ne puissent profitent  de l'ouverture, c'est la nuit, on se défend, beaucoup nous rejoignent dans cette résistance, mais la peur est là, entrée d'ennemis que l'on ne verrait pas dans l'obscurité, non, dans le noir vraiment, le rêve dit bien dans le noir, comme un enfant, c'est dans un seul dodo, mais ça vient et ça revient. Comme au lycée des seuls garçons où il y a avait un vasistas, ouvert en hiver, pour des assaillantes au-delà de l'espoir, ou peut-être pour des adultes qui entreraient, traîtres obligés, dans cette confrérie dernière et première d'ados. Fermeture, entrée, le rêve est l'impossible de l'état stable, l'impossible du sujet en limite lisse, et dans ce passage voulu et redouté à la fois, dans cet intérieur qui attire et qui apeure, il y a en même temps l'impossible du rapport sexuel et l' appel du troisième de l'amour, celui-là même qui, quand « ça se passe vraiment bien », apparaît sans image, en pure présence, en totale évidence, mais dont on se demande dans le flou d'un après-coup et d'un retour: « qui, quoi? », ce qui-quoi d'évidente présence n'est que Soi enfin amené à existence. Peu de gens existent vraiment. Rêve et culture sans domination, quel est ce lieu entre le travail, qui vide l'âme, et le rien, qui aspire au tout ? L'angoisse envahit l'incertain de cet entre-deux, devoir à quitter et caverne tellement avide de la pensée, mais dont les murs sont encore noirs de rien, de trop, d'oubli, de plus tard, dont les murs maintenant doivent recevoir l'écriture. Déjà, rien n'étant résolu, tout étant posé, comme un enclouage en os long, embrochage, malaise, métaphore sexuelle, le déscellement est possible. Je lui refuse la compassion, à ce Maître de mon âge que je ne suis pas devenu, qui fond en pleurs impudiques au téléphone, sa jambe risque toujours, j'assure la confraternité qu'il me plaque, obséquieux sans doute, lui éjectable par le haut de cette pyramide hospitalière que je dis aborrer parce que je la craignais, que je ne crains plus mais que je méprise, mon angoisse est double, mégaprothèses, quelle chair y-a-t-il vraiment sur cette jambe qui n'est plus que rare et léger métal, sur ce Moi posthumain mais au moins de corps ?

 

 

 

1. L. Jeanpierre, La culture comme jeu de forces, Le Monde, 6 novembre 2009.

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