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15 avril 2015 3 15 /04 /avril /2015 09:25
Les migrations sont naturelles et ne sont pas la guerre

Vivre le lieu, entre ravissement et aliénation: mais pourquoi cet "impératif" de la guerre ? Les migrations sont naturelles et ne sont pas la guerre. Qu'est-ce donc que cette machine sanguinaire, cette déportation mécanique et brutale du Moi en institution, en bandes sauvages ? La pulsion migratoire est constitutive, commune, publique; la réaction de guerre est secondaire, élitiste, intéressée, s'éteint une fois un lieu épuisé, arasé, et pour reprendre ailleurs. La guerre participe d'un excès incontrôlé de la pulsion migratoire, en des pseudopodes inutiles et sanglants, en une anaphylaxie au désir premier de faire culture, de faire tissu. Issue de la guerre, la violence des frontières ne cicatrise jamais totalement, l'inflammation suit des fascias fractals, seuls l'amour et le sexe colmatent peu à peu la déchirure, pansent la douleur vers l'autre, qui ne cédera qu'avec le grand métissage en marche de l'humanité, ce retour fondateur, cette abolition de la frontière-peau, cette autorisation totale au voyage, qui ne sera plus ni émigration, ni immigration, et tout individu échappera enfin à cette méfiance-fierté d'un quelconque peuple retranché. Car toutes les membranes, physiques comme spirituelles, sont en continuité, même si ces quelques derniers siècles de nations égotiques, de processus despotiques, ont pu nous le masquer; l'être doit pouvoir migrer demain libéré de tout impératif d'exploitation du lieu d'où il choisira de se penser. Marguerite Duras peut sans aucun doute expliquer plus clairement cela, elle qui a aimé et souffert de ce là-bas toujours adolescent; j'ouvre au hasard le Pléiade de ses oeuvres III et y lit: "son héroïsme c'est moi, sa servilité l'argent de son père", à propos de son amant chinois. La guerre est la dette à la migration des pères; l'amour, le sexe, sont l'enfant qui sera libre et fort, sans plus de lieu-lien.

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14 février 2015 6 14 /02 /février /2015 09:46
Achetez un Rafale ! La guerre est la santé de l'Etat ! Eichmann savait où allaient les trains, Sarkollande sait à quoi sert un Rafale...

Achetez un rafale ! la guerre est la santé de l'Etat ! Vaut-il mieux être criminel que pauvre ? Chômeur ou fabricant d'armes ? Comment au XXIè siècle peut-on librement faire le commerce d'armes sans être inquiété ? Nos petits-enfants jugeront. Les fils et filles des ouvriers, ingénieurs, commerciaux, hommes d'affaires et politiques de l'armement, déjà, honnissent leurs parents. Comment est-il possible de montrer de la compassion ici, et de fermer les yeux sur la fonction des effroyables machines à sang que nous fabriquons, 4è marchands de guerre de cette pauvre planète... ? Eichmann savait où allaient les trains, Sarkollande sait à quoi sert un Rafale...

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11 février 2015 3 11 /02 /février /2015 11:21
Quand le Moi s'évade du Soi: le temps est la pulsion du Réel

Rencontres traumatiques, vieilles histoires ? Le lien au Réel est traumatique, notre exil, notre mort, notre folie privée sont expressions de cette pulsion du Réel, cette pulsion d'exil par laquelle nous déroulons le temps. Le temps est né de la chute, il est postérieur logiquement et par nature aux êtres intelligibles en repos dans la vie infinie, commente Plotin dans la Troisième Ennéade, il est lié à ce mouvement de la chute hors du cocon du Réel, car la nature est curieuse d'action, et choisit le parti de rechercher mieux que son état présent: alors elle bougea. L'âme, au lieu de garder son unité interne, la prodigue à l'extérieur, et perd sa force et son unité dans ce progrès même, cette extériorisation de la pulsion du Réel, dans cette chute corrélative du temps. L'âme produit le temps en place de l'éternité, et le monde se meut dans l'âme, car l'univers sensible n'a pas d'autre lieu; la vie de l'âme, en se dissociant, occupe du temps, met en branle l'illusion chronologique du Moi, cet évadé du Soi. Et dans ce temps produit se développe l'incomplétude de toute logique, et son corollaire pléonexique: l'univers sensible aspire à des acquisitions sans cesse nouvelles dans l'existence, dans une tentative de retour au tout compact et infini du monde intelligible. Le manque, constitutif du temps: Adam quitta volontairement le jardin d'Eden...

 

 

liens:

la clinique de l'exil; Plotin et le retrait raisonné du divin; une chute obligée ou un désir d'exil ?

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1 janvier 2015 4 01 /01 /janvier /2015 16:31
O. Rosenthal, Mécanismes de survie en milieu hostile

Il y eut des Instructions pour sauver le monde, quête (méta)physique des coïncidences et de leurs supports quantiques; il y a aussi des Mécanismes de survie en milieu hostile, d'O. Rosenthal, Août 14, une scène de crime jamais métabolisée, l'autre qui avec nous joue à cache-cache, une traque, un envers de la quête. Les faits ne se contentent pas d'arriver (coïncidences), ils reviennent (traque). Ecrire: on croit contrôler, mais on avance vers le dénouement. On ne sait pas remplir avec des mots, des sensations, des actions, l'état d'être de mort; alors, comme on ne peut décrire, on rôde. On revoit la bifurcation. On donne de l'écho à cette voix qu'on n'a pas écoutée, encore.

 

Mieux vaut n'avoir personne à qui parler que de réciter les litanies d'usage. Alors : le nuage, oui, l'aspiration, l'exil de soi-même. Et pourtant, ce lien qui pleure, qui pleure au lieu: ici est peut-être la tentative d'exorcisme d'O. Rosenthal. Rien de factice: elle pense « fictionner » en écrivant, mais elle se reprend vite: écrire c'est retrouver ce qui avait déjà-toujours-eu-lieu, mais notre mémoire s'y ajoute, et dans notre aura, qui, elle, se collapsera au mieux, le fait reprend son voyage, le réel circule son infini limité à notre fractale d'hier. « La peur est une méthode pour s'ignorer soi-même et donc se conserver » à ce qui, justement, fut l'objet de notre mémoire. L'attente nous rétrécit, la séparation qui s'étend nous élargit, mais aucun lien ne cède, quelques tous contribuent d'Un... C'est mieux qu'au moins l'un des deux suive... Quitte à mourir : en restant, plutôt qu'en marchant, ce départ au loin je le force, alors qu'il me faut écrire...

 

Elle a déjà abandonné l'autre, l'amie, qui meurt, avant que de vivre sa propre NDE : alors elle y est seule, alors elle revient. « Rejoindre » ceux que l'on a autrefois aimés ? On ne peut se disjoindre de ce qu'on a regagné d'expérience. Elle protège son lieu, son tiroir, sa turne, sa maison, de l'intrusion, des morts sans doute. Les étrangers, dit-elle: ceux qui naissent, entrent par cette pièce là... La connaissance spéciale, continue-t-elle, qu'ont ceux qui savent rompre et fuir...

 

Où l'on passe maintenant des visions de NDE, volodiniennes, à la scène du crime : on n'attend plus le mort, on le pousse. Jonction. Sommes-nous tous ? Qui ? Est attaché « au pied de son lit » ? Il n'y a pas de mélancolie géographique, mais on transporte les graines de ses fleurs roses. Scènes d'infraction, gestion, police : trouver celui qui n'a pas de rôle dans la scène. Qui Est. « J'ai compris : on se laisse fouiller par la mort » (ce que nous refuse la ville). La rencontre : « Il occupe dans mon esprit un lieu qui avait déjà, en creux, sa forme » : nous avons le même corps. « Le manque est la forme la plus accomplie de la fidélité », ce bonheur des petits messages tendres, à interpréter, que nous nous échangeons actuellement dans l'absence, dans notre éloignement géographique imminent. Nous ne serons que des amants du faune, de l'argent, des soirs et des efflux ; faut-il prendre une place pour s'aimer, être dans ce contrepoint ? Refuge ou projet ? « On doit perdre l'autre », et ça passe par l'acceptation des morts, tous, l'abandon de la maison où l'on se retrouve toujours. Morts patientes, car les suicidés sont des terroristes. Le retour.

 

Cet évidement de la rupture, quand l'autre impose son absence, et se l'impose sans doute, terrible sans doute qui fait espoir. Ce viscère en creux où partir, où, uniquement, travaillent tous les possibles. Ce vide, plein d'affects : est-il le corps, schizophrène, de sa sœur ? Le voyage de Razon dans Palladium, mais ici extra-corporel, au travers du corps creux de l'autre, roman spectral de l'intolérable absence que nous sommes à la vie totale. Enigme de la vie, énigme de l'amour, refus de l'abandon.

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25 juin 2014 3 25 /06 /juin /2014 08:57

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La personne spirituelle transmigrante est à la fois active et passive; il y a entre les deux substances une relation réelle, "point de vue de l'union de l'âme et du corps", qui est un état violent où l'esprit est tributaire du corps et sujet aux passions, où il entre en fruition du plaisir et de la douleur (O. Lacombe) (  qui donne la jouissance. Union fruitive). Asservissement, passage de l'esprit au service de la vie, jouissance égoïste amplement compensée de toujours renaissantes douleurs dans cette traversée.


 

Duhka est la résonance affective du mal physique. Bhoga (consommation; nourriture; repas, banquet | plaisir, richesse, jouissance; perception, sentiment | plaisir sexuel | profit, gain | phil. fruit (d'une action), récompense) est l'acte d'éprouver affectivement; le bouddhisme appelle douleur (sorrow) ce que nous nommons dépression, et la douleur dans l'expérience vécue d'un bouddhiste est la matrice de toute affectivité. Tant que nous restons sous l'empire des passions, nos actions laissent en nous des traces qui vont avoir trois sortes de conséquences: la naissance dans une condition déterminée (jâti); une "durée de vie" déterminée, et telle ou telle qualité d'expérience sensible (Bhoga), plus ou moins riche de sensations plaisantes ou douloureuses. Ainsi nos "racines", celles qu'ont laissées lubricité, cupidité, colère, orgueil, etc... de nos vies antérieures, vont déterminer notre degré de réceptivité à l'expérience sensitive du monde, de l'extase à la douleur, vision mystique ou douleur post-traumatique. Les traumatismes retranchés comme les expériences passées déterminent notre sensitivité; la traversée du mal, dans la "Communauté de ceux qui sont unis par le sceau de la souffrance", est un affect-outil de la transgénération, déliaison généalogique, reliaison au Réel.


 

 

La limite corporelle est bien sûr celle de la douleur physique; le sujet, lui, souffre aux-autres-absents. La matière qui souffre n'est plus, en effet, solidaire du reste de l'univers, s'isole, nous dit Cioran (Précis de décomposition, Gallimard, 1949); la douleur, agent de séparation, principe actif d'individuation, nie les délices d'une destinée statistique. Bheda, la fissure, est principe actif du sujet, non en tant qu'essence, non plus qu'en force primordiale, mais comme stratégie d'exploration du réel, les cloisons de la douleur étant appelées à la traversée des états de l'être. La douleur ne circule pas entre les êtres, elle n'est pas principe contagieux indifférencié, mais c'est un affect, un  rasa de douleur, polaire de la compassion, qui contreforte la communauté des dividus et qui tend à séparer le sujet des choses, coque de pensée. Les objets perçus ont pour disposition la luminosité, l'activité et la stabilité, pour constituants les éléments naturels (visaya) et les organes sensori-moteurs (indriya) et pour finalité la jouissance et la délivrance du sujet percevant; l'altérité à soi-même est le fondement de toute expérience vécue, expérience perceptive, l'autre est l'aperception de l'être, et de la concentration sur celui-ci naît la connaissance qui a l'être pour objet: dans la structure en abîme du monde, l'expérience perceptive ("phénoménologique") abolit le voile des limites de la maya (organes sensori-moteurs et éléments perçus, par exemple, ne présentent pas de solution de continuité) et l'esprit ne souffre plus de la friction-fruition de l'âme et du corps; dans la connexion retrouvée s'épuise la circulation jusqu'alors impérative, de surface vive, de limites, de la douleur.

 

 

 

 

 

 

sources

- O. Lacombe, L'Absolu selon le Vedânta, Paris, Geuthner, 1937

- F. Zimmerman, Philosophindia

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18 octobre 2013 5 18 /10 /octobre /2013 17:37

18 octobre 2013. Michel de Certeau publie le tome II de La Fable Mystique. Trente ans après son cancer du pancréas. Circulation par les plaies et les souffrances. Les corps transportent et projettent les sens, les jouissances, et aussi les hallucinations, dans cette science expérimentale qu'est la vie et que l'auteur luttait et brillait à dire. P1080618.jpg

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21 avril 2013 7 21 /04 /avril /2013 21:18

autour du séminaire de

Françoise Davoine et Jean-Max Gaudillère

EHESS 2010/2011


(une lecture hypertexte de

La vie et les opinions de Tristam Shandy, gentleman

de L. Sterne)

 

 

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1713 - naissance de Sterne, gosse en retour de guerre, démolition de Dunkerque, un lieu hors du temps, constamment détruit; mort de ses frères: "une histoire de cendres". Tous les patients "le savent", dit JMG, ces angoisses perçues, sans mots, ce "quelque chose" de la réalité qui surgit, cette intrusion ressentie, exprimée. JMG enchaîne, les fous ne "voient pas" à travers, mais reçoivent des informations "périphériques" pour l'observateur "normal", qui lui dévie le atématériau (ils reçoivent par le bruit de la porte du bar, etc...); le fou est hypersensible (cf. le "logicien fou" K. Gödel, dont on dit qu'il cultiva dans son enfance cette hypersensibilité, cette faculté de son oeil pinéal). L'analyste davoinien, alors, donne beaucoup de lui à saisir à ses patients, et non une "bienveillante neutralité", et non plus simplement un refuge du registre "je suis de votre côté" de certaines prises en charge "classiques" du trauma: il faut savoir donner des gages. L'analyse davoinienne se pose bien sur la littérature. Des "détails"... car "rien ne ressemble plus à un champ de destruction qu'un champ de construction", ce mantra archéologique de FD, or la psychanalyse classique se centre sur la destruction, le récit d'atrocités accumulées, alors qu' il s'agit bien de retrouver le fil derrière les cendres. Ni Wittgenstein ni Apollinaire, traumatisés, ne quittent leur uniforme après la guerre. Quand l'outil des mots est cassé, il s'agit d'inventer, de restituer, dirait encore l'archéologue, de montrer ce qui ne peut pas se dire, de "raconter", toutes ces "digressions" de Sterne. Il n'est pas besoin de dater, nous dit ce dernier, car tu es l'auteur de ton histoire; le délire ne doit plus être considéré comme subi passivement, mais comme possible passage de l'objet au sujet. Des interruptions, mais des reprises, comme sur le chantier toujours actif dans ce temps sans plus de dimension, voilà le travail de l'analyse du trauma. Lors des combats le temps s'absente, et les signifiants, mais il y a de l'espace, le traumatisé parle de temps avec l'espace, dans un langage sans temporalité (ou sans cette temporalité à dimension unique que nous impose notre "normalité" à nous qui n'avons pas fait encore la traversée du traumatisme): "j'étais hier à Téhéran" déclare le patient. Géographie de la cure, voyage initiatique, Peregrino, marche, bateaux des évadés de la grotte-geôle. "Racontez-moi" votre voyage, et non les images de l'autre, soit-il Freud; le cadre nomade du cabinet doit bien donner à voir ces images géographiques, être cabaret ! Cas clinique, soudain surgit un beau paysage, un "paysage ami", "où l'avez-vous déjà vu, ce paysage ?": "C'est une maison d'enfance, en telle année", et voilà daté le début des abus sexuels, le voyage dans les images restitue le temps de l'histoire.

 

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Sa blessure (et celle de FD qui se livre) est pour la première fois abordée à la fin du livre (chapitre 19, livre VIII). Un tsunami "imaginaire", mais les populations sont mortes, un conditionnel de jeu des enfants (mais sans ce "on dirait que" de la psychose, le terrain de jeu n'existe pas mais il est la réalité). JMG, prolixe aujourd'hui, FD n'en parviendra pas à sa conclusion, nous balance alors dans L'or noir d'Hergé, les attentats, etc...: pourquoi Haddock apparaît-il alors et découvre-t-il les choses ? "J'vais vous expliquer", dit souvent ce nouveau venu... et la pipe explose ! Et vous ne le saurez jamais, pourquoi il est là: "it happens", hasard et nécessité. Reprise du fil, la balle vous est de tout temps destinée, dit Jacques le fataliste de Diderot, comme s'en assure J. Bousquet s'exposant volontairement au feu ennemi pour gagner le noir de source. Blessure, donc, par balle, au genou, en 1692, invalidité, "balle bienheureuse", vers l'écriture; et il est alors tombé amoureux de la Dame, celle de sa vie, et puis l'autre, manipulatrice. Tobie, lui, est blessé à l'"aine", et "toi et moi nous savons de quoi il s'agit", les vétérans disent leurs blessures, leur bataille. Au discours stéréotypé, normotypé, admis et sans empathie du "que c'est atroce la guerre", le trauma oppose la blessure et la compassion, qui passe par le "détail".

 

 

 

Une thérapie de proximité, et âme-et-corps (cf. les principes d'intervention de Salmon, 1917: immédiateté des soins, proximité du lieu d’intervention (champ de bataille), simplicité des moyens et du dispositif de soins, espérance de guérison: convaincre le sujet qu’il va guérir: Expectancy). Les pleurs. Le réconfort. L'infirmière. L'enclos du béguinage, la clôture que l'on peut franchir, car on n'y fait pas de voeux, espaces protégés pour jeunes filles en difficulté, spiritualité. Abus sexuel, recherche de conquête intime mais sans sexe, recherche d'immanence, d'un champ de construction. Le délire traumatique est un délire amoureux, mais sans bander. Aucun compromis de FD avec les bourreaux; "Dehors, Monsieur", au thérapeute qui avait abusé de sa patiente et voulait consulter... Trauma et Désir sont deux champs contigus, si on les mélange ça explose. L'amour c'est pareil que la guerre (la blessure, la dépendance-régression): la métaphore maintenant devient possible, le moment où l'on dit "comme" signe le recul de la psychose. Puis, après tout un travail, "il faut être bien en chemin pour atteindre le ravissement amoureux", vient un ravissement mystique, un coup de foudre, une extase, il redevient vivant, sexué, le dimanche après-midi ça lui explose. Syngué Sabour. La blessure est refoulée, la cicatrice gratte, insupportable; il la voit pour la première fois. Universel de toutes les histoires d'amour, érotique spirituel de troubadours (qui était aussi construction contre la vulgarité sexuelle de l'époque), comme le langage maniéré des schizophrènes, critère de diagnostic, dit FD; une sortie de la boue culturelle grossière et fascisante actuelle, une sortie par la délicatesse ! Mais déjà la veuve intervient dans le champ de la saillie...

 

 

 

Qu'y-a-t-il sous nos ruines ? Combien de morts nous poussent ? First do not harm, cas clinique: l'analyste affirme son pacifisme, elle est choquée par le GI "bourreau" qu'elle reçoit pour des problèmes sexuels. Elle ne le trouve pas "humain". Puis, elle lui trouve une "zone de combat" commune. FD, gênée à la lecture de cet auteur: culpabilise-t-elle d'une telle zone de combat, elle qui ne soigne pas les bourreaux ? La gêne: la perversion de la dulcinée, non tendre, calculatrice, tournée en mère pour faire bonne figure, nous dit Sterne, recherchant son propre plaisir masturbatoire, fanatisme, inceste. Au trauma, les brutes; au noir de source, les bons et les mystiques; au gris, les truands, les dulcinées perverses.

 

 

 

aucune zone grise n'est acceptable ?
Elle l'entraîna de sa main hors de cette tranchée où il perdait son sang...
L. Sterne

 

 

 

Et voici les noeuds du séminaire: la psychanalyse et l'interprétation sexuelle "à tout va" en lieu de prise en charge des traumatismes infantiles précoces, dans une assimilation "bienpensante" du champ de la perversion. Le premier Freud des traumas (cf. Etudes sur l'hystérie), l'inceste du père de Freud sur ses demi-frères (lettre à Fliess qui fut censurée par Anna Freud et Marie Bonaparte), puis l'abandon de la théorie de la séduction, et la théorie du fantasme... (Le Réel escamoté, J. M. Masson). Une théorie qui se détache de la clinique, une politique qui se détache de la guerre, et la psychanalyse sur l'arête de la perversion. Le "trou de serrure" parle pour le viol de l'oncle Tobie, c'est un langage des failles, le sujet y tient en réseau de fissures, quelque chose persiste et témoigne de son être à l'analyste. Dans l'accoutrement démodé des fous, il y a une temporalité, un "arrêt sur image", loin de ce racisme anti-fou actuel qui se dit structure, débilité, diagnostic. Des petites choses nous parlent quand plus rien ne nous tient, et qui ne sont pas des métaphores, mais des phores tout court; "rien de tel qu'une forme pour vaincre la peur", arts martiaux, armures, parades militaires, moules... mais le trauma, cette marche d'expansions et de condensations, est accès à la pensée. L'oncle Tobie n'était à l'aise qu'avec les femmes en détresse et en chagrin; tresser, c'est proposer une forme verbale à cette détresse pour apaiser le délire qui émerge dans la panique extrême, raconter une histoire, calme, de soi. Apaiser, voire en tressant deux détresses, c'est-à-dire deux présences, le trauma parle au trauma, quelque chose peut accrocher, un fantôme en rejoindre un autre, des morts partis par l'un et l'autre. JMG, jeune exilé en Picardie, devança l'appel militaire pour s'échapper de quelque chose. Une image survivante. Le caporal raconte une histoire face à la détresse de Tobie, autour de l'inquisition, cela touche à la maison de la veuve enjôlante, à l'araignée maternelle à la L. Bourgeois, à la structure, à l'esprit de calcul, mais cela aussi libère la ligne serpentine, qui s'évade, esprit follet, duende, génie qui sort de la forme. Parler à l'autre-sujet par les images-en soi-des morts; quelles sont les miennes ? "Il y aurait dû avoir quelqu'un entre toi et Philippe", me dit la mère; un grand-oncle disparu peut-être en Amérique, et chaque médecin a son petit cimetière, le mort plus ou moins fantasmé du carrefour où je ne pus m'arrêter, fuyant, et la neutralisation du père malgré l'été de la guerre, malgré les cinq bombardements traversés...

 

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19 mars 2013 2 19 /03 /mars /2013 21:53

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A la mort de Moreau, aux trans-formes s'impose maintenant le sans-forme du "Dieu éloigné", ce Dieu défaillant  d'Eliade, transcendance et médiateté, comme celle des sens par rapport à la représentation, rishis perdus dans la Maya. La forme, passage-douleur, versus l'alcool, plaisir-impasse. Les trans-formes déjà en perdent le langage, sans que l'on sache bien s'il s'agit maintenant d'un zaoum des émetteurs, ou d'une agnosie des récepteurs, d'une "syn-mantique" suprasymbolique, au-dessus du langage, ou d'une régression vers le bruit, cette asymbolie malgré les coupures. Il y a un retour animal au corps, dans l'île du Dr Moreau, comme il y a un retour-vieillesse au corps en dehors de l'île, retour que l'on dit désinhibition, utilisation de la main pour manger par la Vieille Maman, chute du rideau de la pudeur, etc... Ce qui semble un arrêt de pensée pour l'autre qui se croit plein-corps est accès à un nouvel être-pensée du synmantique. Un Khlebnikov, lui, eut ce langage avant le temps de l'Alzheimer.

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2 juin 2012 6 02 /06 /juin /2012 14:07

4 février 2011/2 juin 2012

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photo@alcoodoc

 

En recherche, de nuit toujours, de ces stations-service, insurrections légales des marchandeurs rapides et des touristes obligés. Le diable, qui se terre dans les détails de la ville, est quelque peu dépassé ici, d'espace et de repos; le diable n'est pas  électrique, et dans l'arrêt nous ne sommes pas conductance. Le diable ne peuple que le social; la vie, elle, fait la place au contreforts de l'humain, fleur et abeille y sont du même feuillet,  il s'agit d'abord de déplacer la représentation, de forcer au saut d'une nouvelle représentation1,  le non-humain n'implique aucun nanotechnologique, il est éloge de la poussière, du sable que nous devenons et qui un jour nous traverse, l'homme est un fragment sans aucun équipement surnaturel, la mystique est écologie. Nous avons un destin de grille-pain2, cuisant le monde, nous sommes processus sans la conscience de l'être, et nous ne sommes certes pas, parmi tous les existants, ceux qui sont des fins en eux; mais produisant un reste, extirpant cette altérité snobée qui nous tient et nous voyage du dedans, nous métabolisons le silence de l'indignation en germe de révolution, vers cet autre côté de la vie où l'homme-mémoire bergsonien doit réapprendre à vivre sans oublier, tissant le fil rouge brûlant extirpé de ce temps du silence, snobant le gué des jours de peu.


 

 


 

1. S. Houdart et O. Thierry, Humains, non-humains. Comment repeupler les sciences sociales, La Découverte, 2011

2. S. Ferret, Deepwater Horizon. Ethique de la nature et philosophie de la crise écologique, Seuil

 

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13 avril 2012 5 13 /04 /avril /2012 15:58

 

Où, à là lecture de la Troisième Ennéade de Plotin,

(traduction d'Emile Bréhié, introduction de Jérôme Laurent, Les belles lettres, 2002),

se poursuit ici le débat sur l'origine du mal, sur l'existence ou non d'une "pulsion de mort"

(voir chrétiens et gnostiques: http://interlivrehypertexte.over-blog.com/article-29136132.html;

magie noire, magie blanche: http://interlivrehypertexte.over-blog.com/article-27231945.html)


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Chacun naît conforme a sa propre espèce, mais par quoi sont déterminés les caractères ? Il reste à considérer, nous dit Plotin, la thèse d'un principe unique qui relie et enchaîne toutes choses les unes avec les autres, qui confère à chacune sa manière d'être, et par qui tout s'accomplit suivant des raisons séminales. L'âme est cause première, porteuse du bien, non dérivée d'une semence, qui est elle génératrice d'un possible mal physique. Les états passifs se produisent dans le corps, les sensations sont des actes relatifs à des affections, l'objet est passif mais le jugement comporte une empreinte, une impression de l'objet qu'il juge. Forme et physique sont régis par le principe séminal, mais l'âme et la pensée relèvent, dans le dualisme plotinien (contrairement au modèle stoïcien pour qui l'âme est corporelle), d'un principe, d'une âme de l'univers, qui se déploie dans les limites imposées à l'espèce du corps physique. La liberté ne l'être ne serait donc qu'un mot, et le sujet remis en cause dans cette humoralité désindividualisante ? Mais des choses dépendent de nous, car l'âme du monde nous fait des concessions, poursuit Plotin. Toute sa philosophie tendrait à rendre raison du pouvoir causal du bien, via la pronoïa, cette "providence" des stoïciens, mais qui est aussi pensée prévoyante qui permet des choix, activité humaine, retrait du divin qui permet cette liberté du sujet. Cette "tendance" n'est pas plus en notre pouvoir que celle des animaux, des nouveaux-nés dirigés par des instincts aveugles, ou même des fous, car les fous aussi ont des tendances, (...)  et le feu aussi a ses tendances, comme toutes les choses qui sont assujetties à leur propre constitution et s'y conforment dans leur mouvement. On a donc tort de croire que le monde s'engendre grâce à une volonté délibérée de son créateur: Plotin reprend l'idée stoïcienne que tout ce qui arrive dépend d'une spontanéité dans la pronoïa.


 

Plotin reprend également le concept aristocélien de l'existence d'un monde sensible sublunaire, dans lequel les vivants ne sont éternels que par leur espèce, où la providence ne trace qu'un schéma général sans diriger tous les mouvements des corps, et d'un monde supralunaire, depuis la limite supérieure de la sphère des fixes jusqu'à la lune, monde de l'ordre éternel et parfait. L'objet de la providence, qui porte le bien, est le monde sensible dont le destin est cependant le changement et l'écoulement, et non le monde supérieur. Nous sommes l'objet du bien, et la pronoïa donne une certaine consistance à notre contingence sublunaire, et, partant, rejoignant là le principe stoïcien du tonos, une possibilité de mouvement, de liberté; la vie psychique qui est une des formes du tonos est ainsi une vie d'autonomie, mais le temps qui en corollaire y est constitué fait frontière à la beauté intelligible du monde supralunaire, parfait.




Imaginez une source qui n'a point d'origine: elle donne son eau à tous les fleuves; les fleuves, issus d'elle, confondent d'abord leurs eaux, avant que chacun d'eux prenne son cours particulier; mais, déjà, chacun sait où son flot l'entraînera (Plotin, troisième ennéade)

 

Situation dans le flux: Plotin (205-270) est un néoplatonicien également influencé par la philosophie indienne et le stoïcisme, et qui a lui même interpellé Augustin, les penseurs islamiques, Hegel, Bergson, Levinas, Deleuze et Badiou par exemple.

 

 

Voilà pourquoi je t'envoie un salut impossible, comme quelqu'un qui fait de vains signes d'une rive à l'autre du fleuve tout en sachant qu'il n'y a pas de rives, vraiment, crois-moi, il n'y a pas de rives, il n'y a que le fleuve, avant nous ne le savions pas, mais il n'y a que le fleuve, je voudrais te le crier: attention, sache qu'il n'y a que le fleuve !, maintenant je le sais, quels idiots nous étions, à nous préoccuper tellement des rives quand il n'y avait en fait que le fleuve (A. Tabucchi, il se fait tard, de plus en plus tard)


 

... il n'est sans doute pas improbable que l'un ou l'autres de ces récits (dont la troisième rive du fleuve, de Guimaraes Rosa) aient pris quelque chose aux rives de la troisième Ennéade de Plotin, telle que nous la transmit Porphyre, où il est question d'un fleuve infini qui est à la fois Principe et Absence, émanation primordiale et impossibilité de déterminations mesurables... (A. Tabucchi)

 

 

 

 

 

 

 

1. L'éternité, pour Borges reprenant Plotin, relève de la conservation de la forme, et donc de l'espèce. Nous rossignolons cette éternité: http://interlivrehypertexte.over-blog.com/article-l-eternite-est-une-forme-je-cherche-sa-contenance-avec-borges-49670994.html


2. Des liens entre Inde antique et stoïciens: http://interlivrehypertexte.over-blog.com/article-28056015.html


3. La Ganga, cette divinité super-enroulée qui nous flue: http://exotoblographie.over-blog.com/article-la-descente-du-gange-98879126.html


4. La nature humorale du lien entre les êtres, ou maitri de l'Inde ancienne: http://interlivrehypertexte.over-blog.com/article-24702746.html

 

5. De Plotin à Aurobindo: la pensée est la résultante de la traversée du physique par l'extase du monde, cette pensée primaire (http://interlivrehypertexte.over-blog.com/article-metonymie-du-vendredi-xxiv-101875810.html), cette extase archaïque, ce principe du bien mais qui passe par le broiement des os, cette supraconscience à laquelle le physique comme le mental peuvent s'ouvrir par  l'exercice yoguique, ou parfois le traumatisme.

 

6. Une concession de l'âme du monde à l'âme individuelle: le Jivâtman (http://interlivrehypertexte.over-blog.com/article-24855084.html)

 

7. La folie est pronoïa, et pas uniquement paranoïa: http://interlivrehypertexte.over-blog.com/article-36011800.html

 

8. Seules les conceptions monistes peuvent tenir le mal pour intrinsèque à la Nature (http://interlivrehypertexte.over-blog.com/article-ebm-jane-la-medecine-un-art-entre-ingenierie-et-charlatanisme-67716031.html ); le débat progresse donc, le mal est extérieur si l'on considère le monde sensible comme reflet, voile, Maya; le mal est intrinsèque si l'Ego existe et fait de ce monde des limites son univers...

 

9. C'est bien pour l'Inde la lune qui restitue le rasa, les humeurs, au monde sublunaire: http://interlivrehypertexte.over-blog.com/article-25353264.html

 

10. Une vision positive, en écoulement, de l'effondrement winnicottien: http://interlivrehypertexte.over-blog.com/article-entre-oxydation-et-circulation-la-tentative-du-vieillissement-winnicott-and-the-experience-of-th-102622472.html

 

11. Les sensations sont des actes, des mouvements de jonction (Yoga) par l'intermédiaire du mental entre les organes des sens et les choses: http://interlivrehypertexte.over-blog.com/article-28503361.html

 

12. L'empreinte de l'objet sur le jugement du sujet: http://interlivrehypertexte.over-blog.com/article-29114606.html

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