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25 août 2019 7 25 /08 /août /2019 20:04
l'ashram de Maharishi Mahesh Yogi, "guru" des Beatles

l'ashram de Maharishi Mahesh Yogi, "guru" des Beatles

 

Âśrama signifie en sanskrit « âges de la vie » mais aussi « ermitage », ce lieu utilisé lors de la mousson par ceux qui mènent une vie ascétique, aux 3e/4e stades de la vie brahmanique, sramana (ermites, ascètes) et samnyas (renonçants).

 

 

 

L'ashram: une communauté regroupée autour d'un guru, modèle diffusé dans la contre-culture occidentale des sixties par l'expérience des Beatles à Rishikesh puis dans une clientèle de touristes « new-âge » saturés du mode de vie occidental et en tentative de « développement personnel ».

 

 

Mais l'ashram fut non seulement un refuge pour ermites et le logis d'une communauté religieuse aux règles spécifiques, mais aussi un gîte d'étape pour pèlerins, un lieu de transmission du savoir, et aussi une résidence royale lors des déplacements du souverain. Selon les inscriptions retrouvées au Baray oriental (ce vaste réservoir construit vers 900 à Angkor par Yasovarman I, sous le règne duquel, avec celui de son successeur Jayavarman II, l'empire connaît un développement massif), cent asrama ponctuaient le territoire khmer en expansion à la fin du IXè siècle, depuis le sud de l'actuel Laos jusqu'au delta du Mékong.

 

 

Dotés de bornes sacrées et constituant autant de marqueurs d'expansion de l'empire, les asrama de province, bien que dédiés à une seule divinité (Visnu, Siva) ou au Bouddha, accueillaient alors des religieux de toutes communautés, sans distinction. Les stèles sacrées sont parfois les seuls témoins attestant grâce à leurs inscriptions (identiques dans tout l'empire), de l'emplacement des asrama, ces derniers étant vraisemblablement construits essentiellement en matériaux périssables, au voisinage de sanctuaires importants (comme le Vat Phu). En effet l'asrama, rattaché à un temple, édifié secondairement à lui, ne se confondait pas avec le lieu de culte proprement dit. Une tenue modeste y était imposée, exception faite des dignitaires de très haut rang de passage (famille royale, brahmanes qui devaient cependant s'y priver de char comme de parasol, leurs principaux attributs). Les ascètes accueillis étaient astreints à une conduite irréprochable, et les hommes du commun n'y étaient pas acceptés. « Les brahmanes, les sectateurs de Visnu ou de Siva et tous les gens de bien pouvaient y coucher, y réciter leur prières à voix basse et s'y livrer à la méditation ». L'ancienne route khmère reliant le Vat Phu (province du Champassak de l'actuel Laos) à la région d'Angkor était ainsi ponctuée de temples, mais aussi de tels gîtes.

 

 

Sous Jayavarman VII, dernier grand roi de l'empire khmer (XIIIè siècle), et qui détermina le visage actuel d'Angkor en bâtissant Angkor Thom et le Bayon dédiés au bouddhisme mahayana, sous le règne du « roi lépreux » on parle de cent dispensaires plutôt que de cent asrama, qui ponctuent le royaume à son apogée. L'ambassadeur de l'empire du milieu Zhou Daguan décrit lors de son voyage les 90 provinces de l'empire khmer, et sans doute chacune d'entre elles était-elle alors dotée d'un dispensaire au moins. Les bâtiments sont les mêmes mais ne sont plus dits simplement refuges ou gîtes, mais hôpitaux: la parole du roi, si l'on en croit la lettre de La terrasse du roi lépreux (Y. Mishima 1966), se veut alors thérapeutique, après la guerre qu'il a gagnée contre les Chams et autres voisins, et qui lui permis de restaurer son empire et d'agrandir sa capitale. Mais déjà, romance Mishima, tous les ouvriers du Roi sont contaminés, surtout ceux qui, enchaînés, travaillaient sous terre aux soubassements du temple; l'ancien architecte en chef, déchu, est relégué à la construction des toilettes, mais aussi des dispensaires, et on ne voit personne en sortir guéri, dit-il. Le peuple a un Roi, et il devient nécessaire de tuer le Roi.

 

 

Ceux qui savent ainsi, ceux qui dans la forêt vénèrent en disant « l'ascèse est la confiance »,

ceux-là passent dans la flamme, de la flamme dans le jour, du jour dans la quinzaine claire,

de la quinzaine claire vers ces six mois où le soleil va vers le nord

 

Chandogya Upanisad

 

 

Bibliographie

J. Esteve & D. Soutif, Les Yasodharasrama, marqueurs d'empires et bornes sacrées. Conformité et spécificité des stèles digraphiques khmères de la région de Vat Phu, Bull. EFEO, 97-98 (2010-2011), p. 331-55

 

M. Santoni, C. Hawixbrock, V. Souksavatdy, The French archaelogical mission and Vat Phou: research on an exceptional historic site in Laos, Recherches nouvelles sur le Laos, Vientiane/Paris, EFEO Etudes thématiques (18), 2008, p. 81-111

 

 

 

 

Jayavarman VII dit "le roi lépreux"

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