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Dr Guitar and Mister Jazz


Café de la Danse, Paris, 25 mars 2000

Le diable d’homme est monté sur la scène, pieds nus à son habitude.

    Rejoindre le «trombone qui parle» de Glenn Ferris, et son Quartet.
Le flyer précisait bien: «Las d’être étiqueté chanteur folk, Graeme Allwright ait exploser tous les carcans et succombe, à 72 ans, à ses premières amours: la musique jazz».

    La voix de Graeme s’unit en Quintet à la voix du Jazz. Les textes généreux, engagés, pleins de rêve sont au rendez-vous. Love is a circle, «love is you and me», nous te retrouvons, Graeme. Third World Blues....« someday there will only be just one world for everybody, living under the sun». Mais soudain l’évidence est là:.....Eh, Graeme, ta guitare est par terre, seule,...et tu avais réussi à nous la faire oublier. Mais nous ne te reconnaissions pas tout-à-fait, et elle était là, oh, pas loin, mais par terre. Nous étions tellement prêts, disciples de 8 à 60 ans, à retrouver après un trop long silence le mystère de quelques accords cristallins des Retrouvailles. Et puis nous avons compris. Transformation Blues. «A de nouveaux soleils, à de brillants étés nous partons». Tu nous fais partager ta naissance sacrée, que tu mûris depuis longtemps. Tu nous expliques ton chemin et tu nous emmènes, «voyageurs sans hier aux lendemains enchantés». Avec un guru hindou ( ou un bon Père de chez nous. Tes amis. Et avec les improvisations puissantes du Quartet, et avec le souffle comparse et communicateur de Glenn Ferris. Fusion.

    Mais tu as fini par la ramasser ta guitare, le temps de deux chansons. C’était pour nous, les nostalgiques. Pour nous moquer gentiment, soixante-huitards dépassés: «le veau d’or est toujours debout, et...il a épousé la vache folle !». Toi tu es déjà plus loin, tu vas trop vite pour nous. Mais tu ne veux pas nous bluffer, tu nous réexpliques gentiment avec de nouvelles sonorités, sur ton nouveau rythme, qu’encore et toujours il ne faut pas la suivre, cette petite route toute tracée entre les champs d’immeubles en tikitaki. Tu nous aides encore à retrouver, dans ce monde asservi aux inégalités et au profit roi, l’universalité, le partage, l’espoir dans le Jour de Clarté. Tu nous rappelles à chaque refrain, ironiquement ou gravement, mais simplement, qu’il nous faut sortir de notre dépendance. Tant de joies. Portées par le Jazz. Cent pour cent nouveaux textes ce soir. Et on est un peu frustrés malgré nous par ton exploit, ta nouvelle aventure ! Serions-nous un peu abandonnés, nous, la gentille tribu utopico-Baba-cool ?

    Et puis, «Qu’est-ce qui nous empêche de rêver éveillés» ? C’est sûr, nous te retrouverons bientôt en duo avec ta guitare, ni tout-à-fait un autre, ni tout-à-fait le même. Nous les nostalgiques qui n’avançons pas aussi vite que toi vers la Lumière. Tu es parti une nouvelle fois changer d'étoile, et ces étoiles, nous avons besoin de toi pour les entr’apercevoir comme, dans la magie du soir, quand le feu doucement rougeoyait sans jamais s’éteindre. Nous te suivons de Brest à Besançon, même si nous avons toujours une errance de retard sur toi, une île à découvrir après toi mai grâce à toi. Nous partageons avec toi - et tous ceux qui espèrent «the luminous seas of the Infinite»-  le goût du voyage perpétuel bien au delà de l’agitation, la certitude que les visières des militaires ne peuvent qu’obscurcir le regard, et que les pièges à certitudes faciles et à profits égoïstes ne captureront jamais rien de rien. Nous le savions déjà grâce à toi, nous l’avions un peu oublié dans nos petites brumes quotidiennes, et ce soir tu nous donnes une nouvelle chance. Un peu plus chaque jour et c’est gagné. Sacré trimardeur, tu as un train d’avance mais nous ne te lâcherons pas. Sans toi et ta guitare, c’est sûr, on prendrait trop de bouteille.

panopteric




Graeme Allwright nomme son étoile !

(entretien avec  Lionel Baillemont, "le désir de l'ultime bien-être", Editions Altess, Paris, 1996).

"Sans qu'ils ne l'admettent entiérement, j'ai le sentiment que tous les hommes cherchent à l'intérieur d'eux mêmes "l'Esprit", et comme ils ne peuvent atteindre ce bonheur, ils se vengent en le recherchant au travers d'une matérialité faite de conforts égoïstes. (...) Si la situation actuelle est chaotique à bien des égards, je crois, malheureusement, qu'elle n'est que le prélude à une situation future bien pire encore. (...)
Sans le vouloir, ce monde de douleurs, de violences et de mort, contribue pourtant à l'émergence de l'Esprit, car aucune autre solution possible ne s'offre à l'humanité. Après avoir atteint le paroxysme de la souffrance, nous accéderons enfin à la révélation de l'Esprit. C'est une certitude. Deux auteurs ont profondément influencé ma réflexion sur ce sujet: Teilhard de Chardin et Sri Aurobindo (...).

L'absudité du comportement (de l'humanité) finira bien à un moment donné par éclater au grand jour. La situation est en train de devenir tellement grave que je refuse de croire à une absence totale de prise de conscience de sa part.

(...) On ne peut se contenter de distribuer verbalement des conseils, ou de dire "faites ceci et celà pour atteindre à coup sûr le Nirvana". Néanmoins, dans mes chansons, j'essaie de communiquer mon optimisme, ma foi en cette transformation inéluctable. C'est ce que j'ai voulu exprimer au travers d'un texte comme "Condamnés". (...) J'ai toujours eu la profonde conviction que l'humanité doit exécuter sa partition jusqu'au bout, et que le drame qui se joue actuellement doit aller jusqu'à son dénouement. La quête du meilleur, comme celle du pire, nous entrainera inévitablement vers un autre niveau de conscience. (...) Chaque homme, même si son opposition est forte, finira par tomber comme un fruit mûr dans la conscience de Dieu.






Leonard Cohen: hommage (Montreal, Québec, juin 2008)
cohen in the tube

"L'intensité mélancolique et le sens de perte qui se dégagent de ces compositions fragiles en font le singer/songwriter le plus brillant de sa génération"




N.D. des Pleurs
Québec, allée des PoètesLe Port, les sirènes, Suzanne
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