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15 juillet 2009 3 15 /07 /juillet /2009 21:14
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15 juillet 2009 3 15 /07 /juillet /2009 20:54


porte au sud
neige du causse
soleil oblique
plante rare mais grasse
conserver
durer
passer
venir
être
os blanchis
interdite
sur son carré blanc précis du sacré
lentement
l'humus nous crée
plus encore quand il est chiche
de la roche
éponge d'eau pour la vallée
au-dessus du vide
de ceux qui consomment
sans penser
et même maintenant le dimanche 
jour de toutes les bibliothèques
rickshaw dans la grange 


"on en a tous rêvé, de ce bout du monde
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13 juillet 2009 1 13 /07 /juillet /2009 19:37

Le dépaysement n'exige que la liberté intérieure: ni durée, ni excès.
Même pluie, mais la terrasse traversée a cette ambiance d'oiseaux, d'ailleurs et de léger du temps dégagé.
Et aussi un être-au-monde qui n'est qu'ici.
Désuet du possible, calme du toujours. 
Elle dit ceux qui vivent bien ainsi, et il ne faut surtout pas qu'elle me réponde. 

Se laisser flotter
Mais tout rassembler
C'est bien la condensation
Qui est douloureuse.

Un reste, alors: terrasses, passages, parcs, passerelles.

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9 juillet 2009 4 09 /07 /juillet /2009 20:12



Encore cette pâte à effluves à modeler à pleurer à piquer à l'autre ? - A modeler, simplement, cette fois, à rouler d'abord sur la table jaune, en cordons plus malléables -

notes et plagiats autour de R. Bolano, Le secret du mal 



Voilà donc le secret du mal1: le trésor que nous ont légué ceux que nous avons cru être nos pères est horrible et triste à la fois: il est empire de la douleur, et nous, en sommes tous pédophiles. Avidité de la jeunesse, en lutte contre la mort, la beauté est jeunesse, l'amour pédophilie, secret de l'enfance, saudade du démon de midi, ce secret de nos pères. Les autres explications de la douleur ne sont que bric-à-brac de vieux meubles empilés formant des couloirs, une espèce de labyrinthe du périssable, de ce qui n'a pas de volonté de durer. Oui, maintenant la clarté de l'écran est au zénith, et  compatible encore, et plus que demain, à mes métamatériaux internes. Possession ultime, si tu n'as pas enculé ta maîtresse ou ta fiancée ou ta femme, tu ne l'as pas possédée réellement, en fait: un viol, ou une désastreuse et consolante vie matrimoniale. 


Bioy Casares écrit le premier et le meilleur roman fantastique d'Amérique latine. Peau du cauchemar. Lorsque Borges meurt, c'est comme si Merlin mourait. Je pensais, le regardant, que le vieux allait mourir d'un moment à l'autre, et réalisant alors mes idées absurdes, je pensais encore qu'il y aurait à cause de sa mort un raz-de-marée. La littérature vient bien de la peur, elle vient de l'horrible peur d'avoir à travailler dans un bureau (ou à vendre des babioles). Elle vient du désir de respectabilité, qui ne fait que cacher la peur. Je croyais mes aventures finies, je croyais que Géronimo m'avait tout dit dans cette seule et longue rencontre muette en forme de comètes à ratés, je croyais savoir le chaos et tout en attendre, cela arriva en l'an 2005, mais l'annonce s'annonce, comme un fils qui vient, revient. L'orage est bien là où tu croyais le calme obligé; j'ai lu un livre qui était mon autobiographie, ça m'a fait tomber du divan.


Exil du Chili vers le Mexique. On est dans le même camp, et tout le reste est morale sociale, dames patronnesses. La douleur est bien nouvelle classe (ou seule sous-classe), mais classe à la limite déplaçable, et classe contagieuse. Mais chacun est maître de perdre son temps comme il en a envie.



1. R. Bolano, Le secret du mal, Christian Bourgois, 2009

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24 juin 2009 3 24 /06 /juin /2009 22:37




27 décembre 2009


Djenné, couleurs. Tout près de toi et de ton lapin, Bonhomme, sur le toit, tout près de toi, quatre ou cinq ans se condensent, en bas la cour, la cour du vieux dindon. Tous de passage, mais certains ciels cristallisent les peaux.

Il y a un ou deux ans, depuis, l'électricité est venue, et les rateaux à télévision germent et s'accrochent aux terrasses, et les étoiles ne seraient plus si belles ? Et les nuits seraient moins longues, moins longues du travail plus vite des hommes ? Recul du sacré face  à autre chose ? Face aux choses ? Djenné, patrimoine mondial de l'humanité, où coulent parfois les trop lourds autobus, trop lourds de biens d'ailleurs, en rares accidents, encore.

Quelle métaphysique ont donc ces arbres ? (...) L'unique signification intime des choses,c'est le fait qu'elles n'aient aucune intime signification.

Piste Danièle Mitterrand, piste des oignons, piste de mon grand-père Marcel Griaule, Sangha, Sangha, Sangha. Demain, hors le système. Ce soir, trop sérieux, le chef des guides, trop au sérieux, le maître d'hôtel, héritiers de rien du bout de la piste, chez qui nous ne reviendrons pas, héritiers d'ailleurs où n'existe plus la semaine de cinq jours. Demain, la falaise. Après-demain, sur le plateau arraché aux passerelles des ancêtres et arraché aux vertiges à pousser les corps oubliés - les corps fuyants de l'âme - après-demain, peut-être, les petits vents tourbillonnants qui baignent par les pieds libres. Dans l'énorme, l'a-norme, de l'émotion qui remonte, dans ce retour ici, sur ses propres traces, toute une bande de connivence, accroche une nouvelle histoire.

Bandiagara. Etonnante sonorité, dans l'unité de médecine traditionnelle, au bâtiment déja vu au-delà du fleuve et au-delà de quelques ans, car c'est bien un retour, je me répète, un retour sur eux, enfants, amis et monde, ouvertures plus larges donc, salles plus rondes et plus grandes, étonnantes sonorités sous les clefs de voûte absentes. Ma propre voix m'y revient en léger différé et avec la résonnance du vieux téléphone. Car c'est bien un retour, j'ai le retour, je n'avais pas le retour. Ici on soigne le vent, la folie du plateau Dogon, ici on se parle-soigne.



28 décembre 2009

Grand causse de Bandiagara. Plaisir de la marche. Une fois le très chaud, très haut, très fort du petit matin passé, et qui fait tousser, et qui fait lutter, seul-à-seul obligé dans la montée, jusqu'à la première mangue, inespérée, jusqu'à la première eau à volutes de craie, car le plateau est bien dessus, dessous, dedans nous, plaisir de la marche. Plaisir, quand il n'y a pas d'échelles à se refaire touriste, à se cliver du plateau. Il aurait fallu naître ici, il faudra bien naître, bientôt, pour être, accepter ce mille-corps-plateau. C'était bien le programme. Nommo 2000. Pour être un gardeur de troupeaux. Le troupeau ce sont mes pensées et mes pensées sont toutes mes sensations. (...) C'est pourquoi lorsque par un jour de chaleur je me sens triste d'en jouir à ce point, et ferme mes yeux brûlants, je sens tout mon corps couché dans la réalité, je sais la vérité et je suis heureux.

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23 juin 2009 2 23 /06 /juin /2009 22:29

25 décembre 1999

Le pharmacien du pont n'aura jamais compris le pourquoi du taxi-brousse, déjà son neveu s'organise à l'émerveillement, à l'écran plus que géant du grand mur blanc de son salon, du salon de la grande maison blanche à Mercedes. Chez le père Francis, avant, tard de l'avion, c'était là la première nuit, la nuit à moustiques, la nuit à fatigue qui empêche, le camp des cocon ne fleurira que demain, fleurira trop tard peut-être. Tambours de l'amour, cour des petits vents, pas tourbillonnants, attendre. Coupe des nations et sel en plaques des caravanes, encore. Pinasse le fleuve, bivouac,  jardin des délices.

Et toujours ce non-possible du sentiment, l'invasion heureuse et dense par l'abstraction et la sensation, mais l'affaiblissement de l'idéal à action, l'appauvrissement du  dit, en plein continent de l'oral. Mais le mythe approche, la voûte est proche, la lune enfin se lève, et un jour comploteront à nouveau l'action, le mythe, pour tes enfants, ici.



26 décembre 1999
Ces matérialistes-là sont aveugles. Ils prétendent que l'espace est infini. Je ne conçois rien comme infini (...). Ce qui n'a pas de limites n'existe pas. Réveil du campement de l'extérieur, lent effacement des pupes opalescentes, encore nourries à une puissance dominatrice, une matrice. De l'intérieur, encore, attache gracile à la voûte, totale autonomie et nourriture sacrée d'un Meilleur des mondes. Point de gémissements sauf le silence de l'eau. Toit-fil attaché à la limite de la voûte qui s'éteint de lumière, et toi, attaché à la fractale de l'arbre rare. Rouge de l'aube sur la plaine à riz. Restes des éclats-métal des filets remontés, pleins et vides à la fois, au soir de la veille, fruits de l'eau du jour, au juste avant de rien, puis la patiente lune rousse qui s'élève, et le  lit large argenté du fleuve, et parfois l'énorme masse cubique et noire d'une pinasse qui y fonce vers le nord éteint, aux voix des hommes qui s'y animent, route claire de carème qui trace la nuit. Mais vient la lune qui éclaire, la fin des contrastes, et le repos des corps.


Jamais je n'ai gardé de troupeaux. (...) Je salue tous ceux qui d'aventure me liront. (...) Je les salue et je leur souhaite du soleil, et de la pluie, quand c'est la pluie qu'il leur faut.


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21 juin 2009 7 21 /06 /juin /2009 22:19
la lune commence à être réelle


Nommo 2000
sur une pierre on dort cosmiquement




23 décembre 1999
Take-off, again, l'angle si rapide, la rupture, le soleil. Again , non, cette fois comme en point final qui s'étire, tendu depuis des mois, perdu, et pourtant achevé: table rase. Ils ne sont pas vraiment sauvages, certes non, ils sont gardiens et nous allons nous rendre, détruire le bagne, évider le profit, tromper le calcul en autant de parcelles inéquitables et pourtant justes, frottant le vieillard, qui hante la limite. Une tradition peut choquer le touriste, mais nous nous rendons à elle en gardienne, nous, colonne multiple, ensemble. Nous effleurerons encore, mais il s'agit d'un autre fleuve, l'éclipse est passée, il n'y aura plus de rupture, mais le geste sera disséqué au temps et alors survivra. Le programme trompeur restera stérile mais l'imprévu des escales nous riera, nous culbutera, nous écorchera, nous toussera et nous haïra: ensemble nous mangerons, et les ancêtres. Tissu humain nouveau pour roches éternelles: métamorphique est notre groupe, celui-la même qui bientôt boira le bissap tiède dans la cour d'école, au petit vent lumineux de l'arbre, tandis que le maître dit.

24 décembre 2009
De la boîte-à-humains, encore, nous brinqueballe, résignés encore, oubliant le corps, rangé, replié, douloureux, oubliant la langue qui ici ne nous dit, cachant la peau claire: rien que le goudron qui défile et que seulement on entend, cinq fois, à l'entrée de chaque bourg, espoir de ce qui est avalé derrière, et d'une pause en devant. A l'extérieur, là où rien encore n'est vie, vélocipèdent et charaboeufent, vendent et mangent. Et que la brousse, déjà, a brûlé. Mais parfois de grands bidons-barrages arrêtent la boîte-à-humains qui glisse la route. Et alors le temps reprend dans la boîte. Aië1. Mais la nuit tombe, et la boîte redevient infinie. C'est Noël toutes les nuits.

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21 juin 2009 7 21 /06 /juin /2009 11:38

... et que tous deux nous emmenaient dans un Tao de la douleur (Tristia, Melancolia, Exil, ...), seul noeud d'où l'on peut vivre et parler, car "ni l'amour, ni la peur ne nous laisse échapper" (O. Mandelstam). Baudelaire aussi, faisant mine de choisir, décida le spleen en poésie totale, au noeud de toutes les autres: Amour et Ailleurs.


 

copyright la jolie brunette du bistro d'alco, montpellier

 

 

L'ange n'a pas toujours eu des ailes (...). L'ange, ce serait le fantastique quotidien en tant qu'il est lié à la parole (...). C'est une expérience insaisissable, et je crois que finalement on pourraît comparer aujourd'hui l'ange dans la vie quotidienne à cette scène (...): le regard d'une passante, ce choc fulgurant mais non conservable - et en lui-même disparaissant - qu'est la rencontre de quelque chose qui nous dit ce qui n'entre pas dans un discours.

M. de Certeau

 


L'astre noir scintille dans le miroir. Tout va  La vérité nous est obscure  L'homme vient au monde. La nacre est mortelle. Suzanne attendra les vieillards.

 

0. Mandelstam

Tristia, 1920

 

 


Suzanne t'emmène écouter les sirènes
Elle te prend par la main
Pour passer une nuit sans fin
Tu sais qu'elle est à moitié folle
C'est pourquoi tu veux rester
(...)
Tu veux rester à ses côtés
Maintenant, tu n'as plus peur
De voyager les yeux fermés
Une flamme brûle dans ton cœur

Sur Notre Dame des Pleurs

Elle te montre où chercher
Parmi les déchets et les fleurs
Dans les algues, il y a des rêves
Des enfants au petit matin
Qui se penchent vers l'amour
Ils se penchent comme ça toujours
Et Suzanne tient le miroir

Tu veux rester à ses côtés
Maintenant, tu n'as plus peur
De voyager les yeux fermés
Une blessure étrange dans ton cœur

(L. Cohen, Suzanne, adaptation G. Allwright)





Ce qui a résisté — inalliable, inoxydable,
Brûle comme argent féminin.

Et le sobre travail argente

Le fer de la charrue, la voix du poète.

 

O. Mandelstam
1937

in La planche de vivre
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19 juin 2009 5 19 /06 /juin /2009 20:39
Ce livre que vous venez de refermer ne vous a donné ni entrée, ni chemin, ni sens. Pourtant il y a eu entre lui et vous un étrange lien, dont vous ne sauriez dire, une fois la lecture achevée, la nature, mais lien dont vous ressentez bien l'existence par ce manque dès lors que l'ouvrage n'est plus sur la table de chevet mais aligné avec d'autres dans la bibliothèque, car ce livre là vous avez bien sûr décidé de le conserver.



Car ce livre vous a fait "produire", vous; lui ne contenait aucun des sens cachés que vous lui donniez. Il ne contenait que l'autonomie d'un sens impossible à déchiffrer par la lecture. C'est vous qui avez été lus par ce livre même qui vous a... "captivé", littéralement capturé:


"Lecteur, on te regarde, sans que tu saches qui te voit et ce qui est montré".



Michel de Certeau
Le jardin: délires et délices de Jérome Bosch
in La fable Mystique
Paris, 1982

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18 juin 2009 4 18 /06 /juin /2009 21:23
Roman avorté


Eovilline, Eoville
(avril 07)



J'avais la chance de ne pas partir, et je réinvestissais mon refuge, là-haut, je dépliais une table vierge, une table de camping, pour affronter seul les toits. Depuis trois mois j'étais terré ici, un grand lit remplissant presque la chambre, mais maintenant l'été arrivait avec la foule. Ce matin au marché tous les bobos du département faisaient la chenille entre les coquilles Saint-Jacques et les collègues retrouvés: "Tu as pris l'autoroute, ça s'est bien passé ?". Je m'étais terré encore un peu plus que d'habitude, ce soir ils la reprenaient tous, l'autoroute, et j'avais la chance de ne pas partir. Et comme une vague brume tamisait la lumière vers l'extrémité des rues donnant sur la plage, comme le soleil ne se donnait plus directement qu'en quelques places privilégiées sur deux ou trois terrasses, et que j'étais rentré, j'avais encore quelques jours devant moi. Je n'avais pas soif.


Tout contre mon pied droit, mon sac de voyage informe, la trousse à pharmacie, antipaludéens et autres rustines. Sous mon nez, la trousse de toilette bourrée qu'il me fallait trier, puis jeter, elle prendrait trop de place. Le problème, c'était surtout l'ordinateur et les livres. Je décidai de n'emporter qu'une clef USB, et de m'en remettre à mes crayons. Pour les livres, L'imitation de Jésus-Christ, Les Philosophes Taoïstes II, Prigogine, ça c'était pour la lecture. Et les photocopies de toutes mes notes de lecture sur Michel de Certeau. A Eosinoville, j'espérais avoir le temps de les reprendre, les étendre, les disséquer, les anaboliser en quelque chose qui tiendrait de la grande lecture. Ecrire est utopie, savais-je depuis longtemps, mais j'aspirais toujours à devenir grand lecteur, et l'occasion se présentait enfin. Avant d'être investi par Eoville, je passerai peut-être quelques jours à Varanasi, ça dépendrait du prix des vols intérieurs que je pourrai dénicher. Et tant pis si Tamil Flights est paraît-il dangereuse, personne ne serait en manque.


Pierre avait déjà quitté Londres, je l'avais appris par son dernier mail, dommage je pensais aller le voir là-bas avec les enfants avant de partir. Mais l'épidémie de méningite à repris très fort, cette année, et il est à pied-d'oeuvre à Bobo-Dioulasso depuis huit jours. Il me remercie encore, dans son message (ça devient une habitude) pour la rigueur et la motivation que je lui aurait inculquées. Bon, ça fait quinze ans, la rigueur je veux bien, mais la motivation elle ne vient bien que de lui, bien content quand-même qu'il me redise sa reconnaissance. Etrange aussi, alors qu'on pense soi-même avoir tout laissé filer, tout laissé passer, qu'on est tellement vide que l'on se sent étrange et que l'on se croît traqué, étrange de savoir à cinq mille kilomètres de soi la survie de qualités dont on croyait alors être paré. Comme une étiquette que personne n'a osé, ou voulu, ou penser décoller.


A la "Locomotive", niveau 2, rock des 70', Antoine s'est jeté sur une sorte de banquette en pseudo-cuir souple et épais. Ca bouge pour tout le monde en 2004, c'est dingue ! Antoine, c'est le chaînon manquant, un peu, dix ans de moins que moi, dix ans de plus qu'elle. Cheveux longs, noirs, nets, brillants, et le sourire confiant et l'écoute tranquille. Il lui dit qu'il l'a déjà vue quelque part, mais ne sait plus où. Je lui dit que ça n'a plus d'importance peut-être, qu'elle est partie, que j'en suis déjà à la haine pour elle, que je commence à refaire des projets, que je l'aurai bientôt oubliée, qu'elle m'a oublié depuis longtemps. Je n'en sais rien mais je le sens bien comme ça. On se promet de se rappeler vite, il me file l'herbe qu'il m'a apportée, je prends le dernier métro. En tout cas j'aimerais que ce soit le dernier. Chaque fois, il me refile toute la dose qu'il a achetée pour être sûr de ne pas la fumer en deux soirées, moi je me suis plutôt mis aux cigare depuis qu'elle m'a quittée. Je n'essaie plus de jouer au jeune, de toute façon. Je fais ça pour lui. Demain matin je récupère mon visa.


Et puis c'est tout, de toutes façons il n'y avait personne d'autre. Et c'est tout parce que mes seuls amis sont en moi. Et que le seul Roman est celui de chacun, n'essayant plus d'atteindre  un ailleurs toujours impossible, un présent toujours contrarié, un ego imprésentable.


Au commencement, Elle, qui m'offrait mon adolescence non dite, ma première bataille, la première fois que j'y ai cru. A la fois l'Amour qui flambe le temps, et la distance qui oblige à se doper. Quelque chose comme la porte bloquée de chez soi que l'on se décide à enfoncer alors que jusque là on flottait ailleurs.


J'ai planté beaucoup d'arbres en cachette. On finira par me rembourser tous les PV. Comme autant de gouttelettes de brume nourrissant les feuilles pas encore trop sèches par le haut. Qu'est-ce-qui pèse et qu'est-ce-qui nous ment, une origine, une "culture", ou un Dieu  (Eliade-extase, Freud-père ou Jung ?) ? Ma trilogie est dite; et d'ailleurs je ne résonne qu'au Saint Esprit. Théorème pasolinien de l'Amour, révélation furtive de l'existence à refaire, on les croit nouveaux, ils s'enfuient. Reste l'Amour. Il n'y a pas de rupture heureuse. Heureusement il y a le rire. Le rire c'est comme une clef tordue posée sur le bloc de papier vierge, et ça fonctionne seul, facile, une sorte de crise sans guérison, une sorte de vie.



 


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