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24 février 2013 7 24 /02 /février /2013 11:27

samsaraF0047.jpgDe la pharmacopée traditionnelle chinoise émerge à nouveau une innovation thérapeutique, et un espoir de traitement dans la sclérose en plaques: le fingolimod, isolé d'un champignon, est une substance analogue de la sphingosine (un "alcool gras" caractéristique d'une variété de lipides constituants les enveloppes cellulaires, et en particulier les sphingolipides de la gaine de myéline des neurones). L'atteinte de cette gaine de myéline est la caractéristique de la sclérose en plaques, mais le mécanisme des lésions de la substance blanche (que forme cette myéline dans le tissu nerveux) est inconnu, et encore classé du fait de cette ignorance  dans le tiroir des "maladies auto-immunes".

 

Le champignon Isaria sinclairii dont est isolée la molécule est un entomopathogène: infectant des larves d'insecte, il les tue et s'y développe en une arborescence caractéristique au-dessus de la larve morte, qui le fait désigner en chinois par l'image "insecte l'hiver-plante l'été"; il évoque la déterritorialisation des règnes par Deleuze dans son complexe orchidée-guêpe par exemple, ou plus simplement une autre possibilité de métamorphose que celle à laquelle nous croyions être destinés. Ce champignon est d'ailleurs utilisé en pharmacopée chinoise comme remède d'"éternelle jeunesse".

 

Les essais cliniques récents montrent une efficacité plus grande de ce nouveau médicament que de la référence actuelle, l'interféron-béta, sur la fréquence des poussées et l'évolution de la maladie. Abaissant la fréquence cardiaque, il nécessite cependant une surveillance cardiologique. Les immunologistes observent que le fingolimod entraine la dégradation des "récepteurs membranaires couplés à la protéine G", des dispositifs d'activation cellulaire usuels chez les vertébrés supérieurs. Par ce mécanisme, ils pourrait bloquer l'émigration à partir du thymus et des ganglions lymphatiques, vers la lymphe, le sang et les organes, des lymphocytes T "de réserve". Ce mécanisme indirect a été étudié dans le cadre de l'hypothèse "autorisée" dys-immunitaire de la sclérose en plaques, mais une action directe sur la gaine de myéline est cependant également probable du fait de la nature chimique du fingolimod

 

Une histoire presque magique. Isolée d'un champignon au pouvoir de moduler le devenir-papillon de la chrysalide, au projet de nous faire traverser les formes qui nous enserrent, cette "nouvelle" molécule est un bel espoir d'échappée des patients jusqu'ici enfermés dans un diagnostic de "sclérose en plaques" et qui pouvait semblait inexorable. Une maladie sans cause connue qui bénéficie d'un traitement à l'action elle aussi mal expliquée en physiopathologie conventionnelle, mais qui perpétue une connaissance et un usage empiriques attestés. L'occultisme auto-immun, lui, essaie encore de se raccrocher au wagon.

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