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23 juin 2014 1 23 /06 /juin /2014 09:44

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Concevoir ce que la langue en général, et la notre en particulier, ne conçoit pas, dit Roland Barthes dans L'empire des signes ; comme un verbe qui serait à la fois sans sujet, sans attribut et cependant transitif, c'est-à-dire un acte de connaissance: cette imagination nous est demandée devant le dhyâna indou (racine dhyâ), origine du dzong tibétain, du zen japonais, "que l'on ne saurait évidemment traduire par méditation sans y ramener le sujet et le dieu". Olivier Lacombe distingue, avec Cankara (L'Absolu selon le Vedânta), trois types de méditations pieuses, upâsana et son aspect dévôt, d'adoration; vidyâ qui marque la participation à la Suprême Sagesse; et dhyâna qui marque l'aspect de recueillement et de fixation aboutissant à l'intuition, c'est-à-dire à la connaissance des profondeurs métaphysiques de l'existence, l'intuition étant entendue comme une participation, à la fois intellectuelle et affective, à son objet: "Du Brahman à celui qui médite il n'y a nulle distance à combler, nulle opposition d'objet à sujet, mais il est le soi-même universel et donc plus nous-même que nous-mêmes".

 

 

On obtient la dhyâna, la méditation yogique, dit l'Içvara-gîtâ citée par Mircéa Eliade dans Patanjali et le yoga, sur un espace de douze prânâyâma, en prolongeant la concentration (dhâranâ, de la racine dhr, "tenir serré", fixation de la pensée en un seul point) sur un seul objet. La dhyâna est pour Patanjali un "courant de pensée unifiée", aboutissement d'un continuum de l'effort mental, mettant en oeuvre le continuum correspondant des organes mentaux de plus en plus "internes" du corps subtil (manâs, citta, buddhi, etc...), permettant une "pénétration" de l'objet. Cette pénétration, poursuit Eliade, est processus magique (puisque re-mettant en relation), ne peut se concevoir ni sous les espèces de l'imagination poétique, ni sous celle d'une intuition de type bergsonien: ce qui distingue la méditation de ces deux états irrationnels, alors que la méditation touche à la chose, c'est sa cohérence, l'état de lucidité qui l'accompagne et ne cesse de l'orienter. Le "continuum mental", en effet, n'échappe jamais à la volonté du yogin (le jivâtman, en d'autres termes, "tient toujours la gouverne" dans l'âtman), ne s'enrichit pas latéralement par des associations non contrôlées, des analogies, des symboles, etc...; la méditation (qui en celà est technique "archaïque" en amont de la psychanalyse classique) est un instrument de prise de possession du réel .

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