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5 mai 2012 6 05 /05 /mai /2012 22:22

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9 décembre 2011 / 5 mai 2012

 

Les passeurs du concept ne sont pas en creux de ceux de la personnalité ou de la conscience: ils persistent, tiennent, résistent, tandis que l'être fuit et meurt de ses errances entre la présence et la perte. Qui connait les conditions les change1; mais des hordes de parasites, d'ignobles intrus2 détraquent l'être, voulant le guérir. L'écriture est un brouillon général, un entrelac non linéaire, toujours menacé par le corps, toujours inspiré par la mort; le corps ne pense que des autres qui s'évident en lui, les êtres n'ont pas de corps à eux, une contingence - une féérie - ne peut être immanence. L'être pourtant tient de ce rescapé perpétuel et s'étonne toujours de la perte dont son rêve cause, l'être ne veut occuper aucune parcelle de terre, l'être est erratique, l'être est en fuite de tous ses supports précaires, et l'être est sous emprise, mourrant parfois de par ce qu'il aime. L'être est aussi énigmatique que l'esperluette entre "Je" & "Moi"3, l'être est l'aura benjaminienne du brouillon général de la communauté.

 

 

Inquiétante étrangeté du droit romain, cette langue matricielle de l'occident, qui réinvente le réel, institue la nature, la cité et les dieux4. Construire l'état: faire exister une communauté alors que tous ses membres ont disparu, un collectif nouveau en devenir-cadavre, une réduction de sépulture en cuisson du monde5, un élargissement du biopolitique à la thanatosphère.  Mais peut-être sommes nous bien aujourd'hui au pic de l'état comme à celui du pétrole, car l'état s'archipellise des voyages sans retour de millions de corps sans sépulture, tranchées atlantiques, traite du sud, auto-génocide européen du XXè siècle. Le métissage fut d'abord le fruit d'un viol avant que de devenir règle riche et monde d'attente, le métissage fut recyclage avant que de devenir réceptacle.


 

 

Terreur primitive de ceux qui chassent pour ne pas être mangés: le cri du fauve qui nous emprisonne n'est qu'aura, transe, invasion sidérante et souhaitée, entrelacement pulsionnel. La littérature pouvait encore hier nous servir à panser cette terreur, mais maintenant il nous faut passer. La littérature est notre gravité, notre fardeau, et ce porte-parole fait de la mort un spectacle6 qui n'a plus lieu d'être. Ravages de la civilisation, mais pluralité et dynamique de l'être, cette confédération d'âmes7. Tension terrible des grands criminels contemporains comme des saints des premiers temps, mais déstabilisation d'être des temps diachrones à venir, en espoir d'une navigation future et migratoire plus qu'erratique en l'archipel des Mois. Accepter sa défaite serait perdre la raison, et c'est une histoire vieille et hors-normes comme la pluie8.

 

 

 

 

 

1. G. Canguilhem 

2. A. Artaud 

3. P. Assouline

4. Y. Thomas, Les opérations du droit, EHESS

5. A. Esquerre, Les os, les cendres et l'état, Fayard

6. F. Noiville, Mario Vargas Lllosa guérisseur public, Le Monde, 9 décembre 2011

7. A. Tabucchi, Pereira prétend

8. S. Sangsuk, Venin, Seuil, 2001

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