25 novembre 2008
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16:57
Train bondé, il y a une place, je pourrai sublimer, ce n'est pas le compartiment à parler: dans l'espace il faut un clown, dans la maison un confident. Ma voisine se fait éjecter par un réservé qui s'épand en fausse politesse, celle qui porte des écharpes propres par ce beau soleil. Il sait voyager, lui: a planifié sa place en déplacement. Ne sais plus très bien appeler un vrai train de gens, qui n'est pas un TGV. Acteur, et apprend son rôle dans le "poche" où déjà sont surlignées en vert les intonations qu'il devra prendre. Acte III, scène 3 (d'une voix forte). Demain je suis rentré à Paris si là-bas je ne vous retrouve pas.
Aéroports, gares: autant de lieux remplis de gens coincés là pour aller partout. J'aime.
Même à Montparnasse coule une rivière, roche de tous les décibels.
Il n'est de résidence de longue durée, comme on écrit résilience.
Le cadre gris regarde bien devant, assis au bar, un grand quart d'heure à lui avant le train qui va le ramener, le ramener chez lui, où il plongera de tous ses sens cette fois dans son portable-bureau. Mais ici, il a la rondelle de citron, s'il vous plait. Dans vingt-cinq minutes le train que je ne devais pas prendre, qui ne va pas chez moi, qui reviendra, obligé. Grondement. La gare gronde. C'est tout ce qu'elle peut faire en cet instant précis de tous ces impossibles et de toutes ces absences. On fait la queue pour entrer dans ce grondement, on se surveille, on se protège: seuls sont vraiment dedans ceux qui sont obligés de partir. Seuls avancent dans cette sourdine ceux qui s'abandonnent ici, tasse vide, cherchant un autre à observer. Mais tout-à-coup presque tous semblent pressés de ne pas exister: sans destination. "Chers clients..." commence la voix, dans le grondement.