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2 août 2013 5 02 /08 /août /2013 15:51

James C. Scott

ZOMIA, ou l'art de ne pas être gouverné

Seuil 2013


 

vers une science expérimentale de l'anarchie 

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Imaginez que vous êtes l'homologue de J.-B. Colbert en Asie du Sud-Est, et que votre tâche consiste non pas à concevoir un espace étatique permettant de maximiser l'extraction de la plus-value, mais son parfait contraire. Comment vous y prendriez-vous pour concevoir une topographie, une stratégie de subsistance et une structure sociale qui résistent autant que possible à la captation des ressources par les représentants de l'état et permettent le bien-être positif des populations, et plus encore peut-être, la mise en oeuvre de notre pulsion migratoire positive ? Tel est sans doute le projet scientifique de J. C. Scott, qui nous fait saisir que l'état n'a occupé dans l'histoire de l'homme qu'un très court laps de temps, que l'état centralisateur et sa frontière périphérique (avec sa double fonction, empêcher l'immigration, mais aussi et surtout nous empêcher de fuir) ne sont peut-être qu'une péripétie dans notre histoire, culminant au XXè siècle dans le sang. Mais il y a des millions d'hommes dans la Zomia, ce massif collinaire de l'Asie du Sud-Est, et ils nous disent avec Scott comment ils ont résisté positivement, s'établissant dans les marges de l'état: un paysage découpé à "forte friction" pour la machine étatique; une diversification des types de cultures et d'activités plutôt que la monoculture et le travail monotâche; un travail en rotation dans l'espace et dans le temps; un mode d'implantation nomade; une structure sociale fluide et acéphale, aisément capable de se défaire et de se recomposer; une démographie inférieure à une masse critique mais sans malthusianisme, fluctuant par dissolution/recomposition des groupes, chaque individu restant libre; une taille minimale cependant permettant la mutualisation des risques (au moins quelques familles).

 

 

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Quelles failles transnationales ?

Comment y circuler librement aujourd'hui et demain ?

Assimilation/dissimilation: révolte sur place, ou exil ?

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- on ne naît pas peuple des montagnes, on le devient -

(nous sommes tous des post-sédentaires en devenir)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rapprocher de ce concept de zomia mouvante (qui permet à la fois de fuir un modèle unique et dominant que l'on nous impose dans la "vallée", et depuis la montagne de se recomposer une identité, variable, connectée à d'autres, par son pluriel de facettes) de la position de l'ethnologue Jean-Loup Amselle  qui considère qu'en Afrique de l'Ouest les etnnies n'existent pas comme entités fixées, mais mouvantes; que c'est l'administration coloniale qui a figé les identités supposées, avec son état-civil et ses recensements, qu'il n'existe pas d'ethnie pure mais une circulation, des branchements qui permettent la réinterprétation locale d'éléments culturels globaux. Les zomia nous renvoient face à nos mosaïques, à nous d'y puiser.

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