Ode Maritime, théâtre de Grammont, Montpellier. C'est bien plus que celà. Une entrée en délire par tout le corps souffrant de Pessoa, qui, sous une diction à la Antonin Artaud, contamine le spectateur, le torture, puis l'amène à "ce grand organisme dont chaque acte de piraterie est une cellule de douleur", l'amène au corps ouvert, cette seule plaie qui pense, corps sentant sans organe. Puis le volant freine, le spectateur dépasse la douleur, et "quelle joie de sortir pour de bon des rêves". Reste le soleil triste de Lisbonne, le dos à la ville et à ses toits dorés: le Tage. Mais c'est ici à Grammont la nuit, et le vin, la pinède encore fraîche du printemps, il suffit d'y traîner pour être sur le spectacle, et tendre plus fort encore vers celle qui entra et s'assit à vos côtés, elle qui porte le secret et l'envie de la voix: donnons-nous rendez-vous un peu plus loin derrière le quai, en tes yeux. Courage, vivons.
Ode maritime de Pessoa
Le chant de Maldoror de Lautréamont
Pessoa se disait inspiré de W. Whitman
L. Cohen de F. G. Lorca, et Suzanne de la douleur sourd le monde
Et puis, c'est fini, "Merveilleuse vie maritime moderne, toute propreté, machines et santé ! Toutes les pièces des machines se combinent si merveilleusement que tout paraît obéir à des lois naturelles, sans aucun heurt ! Rien n'est perdu pour la poésie. Et maintenant, en plus, il y a les machines, avec leur poésie aussi, et tout ce nouveau genre de vie commercial, mondain, intellectuel, sentimental, que l'ère des machines est venue apporter aux âmes" ! Un spectacle exigeant, une performance extra-ordinaire, oblique, un pari réussi.